La loi contre les violences faites aux femmes, entrée en vigueur en septembre 2018, continue de faire parler d'elle. La société civile la décrie et s'insurge contre un texte qui « demeure lacunaire », la ministre de la Famille, de la Solidarité, de l'égalité et du Développement, Bassima Hakaoui, quant à elle, la défend bec et ongles dehors. Contactée par Hespress FR, Saida Idrissi, présidente de l'Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM)n relève que la loi sur la lutte contre les violences à l'encontre des femmes souffre de «lacunes» et ne comporte que «des amendements». «Une vraie loi de lutte contre les violences envers les femmes se fait avec les 4 P des Nations Unies : Des mesures de prévention, de protection, des peines et la prise en charge des femmes victimes de violences», explique la militante. Toutefois, selon Saida Idrissi, la lacune la plus « tenace et aberrante » dans ce texte de loi demeure le fait «de devoir prouver le harcèlement sexuel qu'une femme subit dans la rue». Et la loi organique concernant la création de la cellule de prise en charge des femmes victimes de violences «n'est toujours pas sortie», déplore-t-elle. D'autre part, poursuit la présidente de l'AFDM, la loi fait la distinction entre «une femme enceinte, ou une maman» alors qu'elle est sensée «être faite pour toutes les femmes sans différenciation». Hors normes par rapport à l'ONU La déclaration de l'Assemblée générale des Nations unies en 1993 qualifie la violence faite aux femmes comme une violation des Droits humains des femmes et une manifestation de la discrimination à leur égard. A cet égard, la société civile, qui n'a cessé de décrier le texte, affirme qu'il met le Maroc hors normes par rapports aux principes édictés par l'ONU à ce sujet. Elle souligne que la nouvelle loi n'intègre pas le principe de «diligence voulue», recommandée par les Nations unies et qui consacre l'obligation pour les autorités d'enquêter, de chercher les preuves, de prévenir la violence, de protéger les femmes, de sanctionner les auteurs et prendre en charge les victimes et leurs enfants. Ne pas avoir peur de cette loi Bassima Hakkaoui n'est pas du même avis, la ministre a tenu des propos élogieux envers la loi 103-13, lors du dernier congrès régional des femmes du Parti de la Justice et de Développement. Se voulant rassurante, elle a affirmé qu'il «ne faut pas que ce texte loi attise la peur chez les hommes» parce qu'elle protège «vos filles, vos femmes et vos mères». Pour la ministre de la Famille, cette loi devrait «être une fierté» puisqu'elle est entrée en vigueur «pour protéger les femmes». «Beaucoup de résistance a fusé de chez les hommes et les femmes, mais la loi a été adoptée tout de même», poursuit Bassima Hakkaoui. Le texte «est complémentaire avec la loi de traite des être humains et des travailleurs domestiques, dont les petites bonnes», estime la ministre PJdiste. Quoi qu'il en soit, le texte est bel et bien là, et il semblerait qu'il faudra faire avec. Pourtant la question de la violence à l'égard des femmes est stratégique pour le développement e tout un pays et pour les droits humains de toutes les composantes de la société dont la gente féminine, tous âges confondus, constitue plus de la moitié.