La récente crise entre le Rassemblement national des Indépendants (RNI) et le Parti Justice et développement (PJD) semble s'installer et fait planer le doute sur la stabilité de la coalition gouvernementale. Les tensions augmentent entre le parti de la Lampe et celui de la Colombe, les déclarations fusent de part et d'autre. Comme pour mieux alimenter le brasier, le Chef du gouvernement, Saad Eddine El Othmani et le président du RNI, Aziz Akhannouch, ont eu des sorties médiatiques qui n'ont rien fait pour calmer cette énième crise entre les deux partis de la Coalition. Pour mieux cerner les dessous de cette tension et les motivations derrière, Hespress FR a contacté Abdessamad Belakbir, politologue, ancien parlementaire et chercheur. Notre interlocuteur commence par nous livrer une genèse de cette « bataille qui ne dit pas son nom ». Guéguerre politique pour les uns, crise orchestrée pour les autres Les propos du ministre RNiste de la Jeunesse et des sports, Rachid Talbi Alami, lors de l'Université d'été de son parti à Marrakech, a été l'étincelle qui a mis le feu aux poudres. Talbi Alami a notamment traité les PJDistes d' »imitateurs du président turc » qui s'en prennent «aux personnalités du RNI» et veulent «détruire le pays». La réaction des Frères n'a pas tardé à venir. Le secrétaire général adjoint du PJD, Slimane El Omrani a dénoncé une prise de position «dangereuse, offensante et inacceptable». Sentant la tempête gronder, El Othmani a demandé aux siens de faire preuve de retenue en attendant la réunion du secrétariat général du parti. Moins conciliant et plus enclin à aller jusqu'au bout, le président du RNI a quant à lui, « officiellement » encouragé, ce mercredi 26 septembre, ses camarades à s'attaquer de manière virulente aux membres du PJD. Il a notamment déclaré que les RNistes sont «sidérés par cette profusion de réactions surdimensionnées et inintelligibles qui ont pris pour cible un membre du bureau politique». Il a, également, jugé que la prise de position de Slimane El Amrani est «inconcevable» lui qui «est allé jusqu'à se fendre d'un communiqué de presse pour attaquer publiquement un membre du bureau politique du RNI». Selon Akhannouch, le RNI a «souvent fait l'impasse sur des attaques non négligeables (...) pour sauvegarder un climat de travail (…) au mépris de [nos] droits de réponse». Pour Abdessamad Belakbir, tout cela «n'est pas nouveau». La concurrence entre les deux partis, les affiliations avec la francophonie, les penchants pour les syndicats ou les associations de société civiles, les échéances électorales…etc, favorisent cette recrudescence de tensions, a-t-il souligné. On n'oublie par, non plus, que c'est le RNI qui avait été à l'origine du blocage gouvernemental ayant coûté sa place à Abdelilah Benkirane. Les tensions ont toujours été là, latentes mais là. Belakbir se dit « plus interpellé » par le timing de cette sortie. Selon lui, Aziz Akhannouch revient au devant de la scène après un « silence choisi » pour laisser passer les remous suscités par la campagne de boycott, qui a également concerné une de ses marques. E de conclure: « Cette sortie médiatique (du RNI) est une sorte de jeu pour marquer la présence, créer la polémique pour dire +nous sommes là, ne nous oubliez pas+.