Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré vendredi que son pays souhaitait de meilleures relations avec l'Etat d'Israël mais que la politique israélienne était un frein à cela. « La Turquie souhaiterait de meilleures relations avec Israël mais la politique israélienne envers les Palestiniens reste «inacceptable» et c'est une ligne rouge », a-t-il déclaré vendredi, ajoutant que « les pourparlers au niveau du renseignement ont repris entre les deux parties ». La Turquie et Israël, autrefois alliés, ont connu une brouille amère ces dernières années. Ankara a condamné à plusieurs reprises l'occupation israélienne en Cisjordanie et son traitement des Palestiniens. Il a également critiqué les récents rapprochements négociés par les Etats-Unis entre Israël et quatre pays musulmans. Dans un communiqué de presse après la prière du vendredi à Istanbul, Erdogan a indiqué que « S'il n'y avait pas eu de problèmes au plus haut niveau (en Israël), nos relations auraient pu être très différentes ». Le président turc a en outre indiqué que : « La politique envers la Palestine est une ligne rouge pour nous, et il nous est impossible d'accepter la politique israélienne en cela ». Côté israélien, au niveau du ministère israélien des Affaires étrangères, on a refusé de commenter ses déclarations. Mais des sources médiatiques ont révélé que la Turquie essayait à nouveau depuis le début de décembre d'établir des relations complètes avec Israël. Le 9 de ce mois, elle a nommé un nouvel ambassadeur à Tel Aviv, une étape qui est la première du genre depuis la détérioration des relations diplomatiques entre les deux pays depuis 2017. Les tentatives de la Turquie pour améliorer les relations diplomatiques avec Israël interviennent à quelques semaines avant la prise de fonction le 20 janvier prochain du président élu américain Joe Biden à la Maison Blanche. Les experts des relations turco-israéliennes estiment qu'Ankara cherche à marquer des points positifs avec la nouvelle administration américaine grâce à une proximité avec Tel Aviv, d'autant plus que Biden, qui soutient Israël, avait auparavant adressé de vives critiques au président turc Recep Tayyip Erdogan. En effet, le président américain s'était engagé à l'époque à soutenir les Kurdes et les partis qui s'opposaient à Erdogan. La chaîne « Al Arabiya » a cité Aydin Sezer, un analyste turc spécialisé dans les affaires internationales, disant que « Israël est en tête de la liste des dix premiers pays exportateurs turcs, et le volume des échanges commerciaux entre Ankara et Tel Aviv a atteint l'année dernière 4,464 milliards de dollars ». Il est à noter que la Turquie et Israël ont expulsé les ambassadeurs en 2018 en raison d'affrontements meurtriers aux frontières avec la bande de Gaza. Les relations commerciales entre les deux pays ne s'en étaient pas pour autant interrompues. En août dernier, Israël a accusé la Turquie d'avoir accordé des passeports à une dizaine de membres du Hamas à Istanbul, qualifiant cette décision de « très hostile ». La Turquie affirme que le Hamas qui a mené trois guerres contre Israël est un mouvement politique légitime qui a gagné le pouvoir grâce à des élections démocratiques.