Les autorités espagnoles ont commencé à renvoyer des centaines d'immigrants illégaux marocains vers leur patrie, après des mois de bras de fer avec Rabat autour de la meilleure façon de faire face à l'arrivée des groupes de « Haragas » dans les villes ibériques et plus particulièrement aux îles Canaries. Parallèlement à cela, la situation des mineurs non accompagnés aux îles Canaries et dans la Péninsule n'a de cesse de s'aggraver alors que sommet maroco-espagnol, prévu initialement le 17 décembre a été reporté au mois de février 2021. Cela étant, les autorités de Madrid ont débuté l'opération d'expulsion de centaines d'immigrants marocains arrivés via l'océan sur des bateaux de fortune aux îles Canaries ces derniers mois. C'est ainsi que le ministère espagnol de l'Intérieur a organisé le retour de 20 de migrants illégaux marocains par voie aérienne vers Laâyoune. Il se dit dans ce sens que des pourparlers entre l'Espagne et le Maroc qui commenceraient à porter leurs fruits selon l'Espagne portent sur l'objectif de doubler les vols avec plus de 50 immigrants chaque semaine. Environ 7 000 immigrés aux îles Canaries, qui pour la majorité sont marocains, sont accrochés aux résultats du sommet maroco-espagnol (reporté) afin de connaitre leur sort. Des sources gouvernementales espagnoles indiquent que la plupart de ces immigrants ne remplissent pas les conditions requises pour rejoindre le système d'accueil et que leur transfert vers d'autres parties de la péninsule a été exclu. Les fermetures de frontières causées par l'épidémie ont entravé le programme de retour de milliers de migrants vers leur pays d'origine. Les côtes des provinces du sud ont récemment connu une augmentation remarquable du phénomène de l'immigration illégale, en plus des côtes de la Mauritanie et du Sénégal. Une grande partie des immigrés sont des hommes adultes, mais les mineurs ne viennent pas à manquer dans l'aventure. Cette situation a conduit le ministre espagnol de l'Intérieur à Rabat pour intensifier la coopération avec le Maroc pour trouver des solutions et débouchés. Fernando Grande Marlaska, ministre de l'Intérieur, lors de sa visite à Rabat le 20 novembre dernier avait déclaré que le gouvernement espagnol avait deux objectifs clairs : doubler les expulsions, et renforcer la coopération afin de ralentir les migrations. Madrid a confirmé, selon son ministre de l'Intérieur, que la coordination entre son pays et le Maroc est actuellement « à son meilleur rendement », soulignant que la coordination et la coopération entre les ministères de l'Intérieur des deux pays est « caractérisée par la confiance mutuelle » et comprend de nombreux domaines, en particulier la lutte contre le terrorisme, la migration irrégulière et le crime organisé. Par ailleurs si l'on s'en tient à Reuters, le Maroc a rejeté une demande de l'Union européenne de reprendre des ressortissants tiers qui atteignent l'Europe depuis le Royaume, a annoncé mardi le ministère de l'Intérieur. La commissaire européenne aux migrations, Yiva Johansson, s'est rendue à Rabat ce mois-ci pour rechercher un accord de réadmission permettant au bloc des 27 pays de renvoyer les migrants au Maroc face à une forte augmentation des arrivées dans les îles Canaries espagnoles. La demande a été rejetée, a indiqué le ministère marocain. « Le Maroc n'est pas dans la logique de la sous-traitance et insiste pour que chaque pays accepte sa responsabilité envers ses ressortissants », a déclaré par courrier électronique le chef marocain des migrations et du contrôle des frontières au ministère de l'Intérieur, Khalid Zerouali. Le Maroc réadmet en moyenne 15 000 de ses propres citoyens qui sont renvoyés chez eux par l'UE chaque année. Il a également accepté en 1992 d'accepter des ressortissants tiers des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, à condition que ce soit dans les 24 heures. Le Maroc a empêché cette année 32 000 personnes de traverser le détroit de Gibraltar (14 km (9 miles), a déclaré Zerouali. Cela se compare à 74 000 tentatives l'année dernière. Le resserrement des patrouilles marocaines le long de la côte nord et l'effet de la fermeture des frontières du Covid-19 ont poussé les réseaux de trafiquants à déplacer leurs itinéraires vers les îles Canaries, à 1400 km (870 miles) au large des côtes africaines », a déclaré Zerouali. Le nombre de migrants atteignant illégalement les îles Canaries cette année – 20 000 – « était 10 fois plus élevé que l'année dernière », selon les autorités espagnoles. Johansson a déclaré que la moitié de ces arrivées provenaient du Maroc. L'UE soutien le Maroc depuis 2018 pour l'aider à lutter contre la migration illégale. Ce soutien financier et technique au Maroc est justifié par une « responsabilité partagée entre les partenaires confrontés à des défis et des menaces communs », a déclaré Zerouali.