340 clandestins sont interceptés à Sebta, 400 rescapés débarquent aux Canaries Au cours du week-end, 400 clandestins sub-sahariens, dont 13 mineurs, ont réussis à débarquer aux Canaries, tandis que plus de 340 autres émigrants étaient interceptés à Sebta. Ces deux événements confirment que le flot des émigrés continue de grossir malgré le renforcement des contrôles des pays de destination comme l'Espagne, d'origine (les pays au sud du Sahara) et de transit comme le Maroc. Dans le préside occupé de Sebta, les candidats à l'émigration clandestine ont arrêtées alors qu'elles tentaient de se rendre dans la péninsule, dissimulées dans les camions de forains en partance pour Algésiras. La majorité d'entre eux (322) sont des Marocains et les autres sont originaires d'Algérie et du Bangladesh, qui résident dans le centre d'accueil des étrangers installé dans la ville. Les immigrés ont été retrouvés cachés dans les manèges et sous les camions. Plusieurs dizaines tentent chaque année de profiter de la fête foraine d'août pour traverser le détroit de Gibraltar dans des camions transportant les manèges. L'année dernière, 212 personnes avaient tenté d'utiliser le même procédé pour accéder à la péninsule, après la fin de la fête foraine. Principale porte de l'Afrique aux frontières de l'Europe, le Maroc voit passer chaque année des milliers d'immigrés clandestins, dont la traque s'avère difficile et coûteuse. La traite est organisée par une mafia internationale très structurée. Perdues, démunies et pauvres, les femmes sont des proies faciles et idéales pour les trafiquants. C'est ce qui explique le nombre élevé de femmes subsahariennes qui tentent l'aventure risquée de traverser le Détroit. Elles justifient leur désir d'effectuer cette traversée macabre par le manque total de perspectives. Les migrants subsahariens choisissent donc l'aventure et la confrontation de la mort certaine pour ne pas rester dans leurs pays d'origine. Ils paient chacun et chacune des sommes d'argent pour leur voyage qui dure parfois plusieurs semaines. D'un côté, il y a des candidats prêts à tout vendre pour s'exiler et de l'autre, des «facilitateurs» qui promettent des visas contre des sommes exorbitantes. Vrais ou faux musiciens, pasteurs charlatans, délégations officielles… les filières exploitées par les migrants clandestins sont multiples. Les connivences internes aussi. Arrivant de l'Algérie, via le Sahara, les clandestins sont pris en charge par des transporteurs qui les dirigent vers Tétouan, Tanger ou Nador et les hébergent éventuellement en attendant le passage. Très proches du Vieux continent, ces villes du Nord du Maroc constituent des lieux privilégiés pour les trafiquants. «De là, nous attendions des mois notre tour dans la brousse, la forêt et dans des habitations de fortune abandonnées», raconte un rescapé malien lors de son interrogatoire. Casablanca est la plaque tournante de ce commerce de haut vol. Résidant dans des hôtels du centre-ville et dans des «fondouks» de l'ancienne médina, les «African connections» sont en étroite relation avec les réseaux internationaux en Espagne, en Italie et en Allemagne. La traversée clandestine nécessite un investissement qui peut aller jusqu'à 50.000 DH. Ce trafic rapporte plus de 200 millions de DH par an aux mafias des «harraga». La stratégie de lutte contre l'immigration clandestine privilégie une démarche de proximité et de prévention à travers le travail de renseignement pour faire échouer à l'avance les opérations de rabattage des candidats et la préparation des opérations d'immigration illégale. Pour ce faire, les autorités marocaines ont mobilisé quelque 7.000 hommes dont 4.500 affectés à la surveillance du littoral. Selon Khalid Zerouali, directeur de la migration et de la surveillance des frontières au ministère de l'Intérieur, cette politique commence déjà à porter ses fruits. Les chiffres fournis par cette direction montrent que lors du premier semestre 2006, 9.824 tentatives d'immigration illégale, dont 4.200 concernant des clandestins originaires des pays subsahariens, ont été déjouées par la police. En 2005, plus de 480 réseaux spécialisés dans l'immigration clandestine ont été démantelés et près de 30.000 tentatives mises en échec, dont 8.000 impliquant des émigrants clandestins marocains et 22.000 des ressortissants de pays d'Afrique subsaharienne, ainsi que d'autres provenant de pays asiatiques et maghrébins. Les autorités espagnoles s'attendent à une arrivée massive d'embarcations aux Canaries depuis les côtes africaines en raison du beau temps et du retard dans le déploiement de patrouilles européennes (Frontex) promises pour début août. Selon les derniers chiffres rendus publics, plus de 13.000 immigrés africains et asiatiques étaient arrivés sur l'archipel depuis le début de l'année, soit environ le triple du chiffre enregistré pour toute l'année 2005. De ce chiffre, seuls 2.232 résident encore dans les centres d'accueil et les camps militaires installés sur l'archipel. Les 11.148 restants ont été renvoyés vers la Péninsule ibérique, le Maroc et le Sénégal après les 40 jours de détention réglementaires. Khalid Jemmah, président de l'Association des amis et familles des victimes de l'immigration clandestine (AFVIC), dit s'inquiéter du «flux migratoire subsaharien qui ne cesse de grossir». «Il y a quelques années, ils n'étaient pas plus de 400 dans tout le nord du Maroc. Aujourd'hui, on en compte plusieurs milliers (...). Or, le Maroc n'a pas la capacité de les accueillir. Ils vivent dans des campements sans aucune infrastructure, parfois dans des forêts. On peut parler de drame humanitaire", a-t-il souligné.