Plusieurs slogans « à la marocaine » on va dire, ont accompagné cette année la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, à laquelle ont participé à chacun son point de vue, organisations de défense des droits humains, syndicats, et autres organismes ainsi que nombres d'initiatives communautaires. Dans leurs communiqués, les principales organisations marocaines de défense des droits de l'homme estiment en général, que les « mesures improvisées prises par l'Etat pour faire face à la pandémie » ont eu des répercussions négatives sur le statut de la femme. Le mouvement alternatif pour les libertés individuelles (Mali) a choisi pour « célébrer » cette journée des accroches pour dire leur idée de la chose sur « la culture du viol », qu'il a accompagné d'affiches tels que, « Non veut dire non », tandis que d'autres, précisaient le contraste entre « le féminisme » et la « justice masculine », ou indiquaient simplement que « les femmes n'étaient pas une marchandise ». Pour Mali, le viol conjugal est autant condamnable qu'un viol, que « l'avortement clandestin est une violence contre les femmes » et que la première étape pour la libération des femmes est d'accepter qu'elles méritent leur liberté. Certaines de ses pancartes incitaient même l'autre genre à « affronter leurs camarades, les violeurs », ou demandaient méchamment : « Un homme est égal à deux femmes, la honte ». De son côté, l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH) affirme que cette journée mondiale intervient « à la lumière d'une situation générale, dont l'une des caractéristiques les plus importantes est la persistance de tous les facteurs générateurs de violence sous toutes ses formes, y compris la poursuite, l'approfondissement et l'expansion du système de mondialisation libérale, le siège et l'agression contre les peuples, et la propagation de l'idéologie sombre et takfiriste, que subissent les femmes ». Sous le poids d'une violence conjuguée, poursuit l'AMDH, « dans laquelle la violence de la tyrannie politique et la violence économique, sociale et culturelle se conjuguent, elle a aggravé la pandémie Covid-19 pour nombre d'entre elles. Les mesures de quarantaine ont eu des répercussions plus graves sur les femmes et les lois d'urgence sur la santé qui ont réduit les marges de liberté déjà étroites ». Et de noter, l'augmentation de la violence domestique, conjugale et familiale et de la violence psychologique, en l'absence et ou, difficulté pour les femmes d'un mécanismes juridico-judiciaire afin de dénoncer la violence et accéder à la justice. Cela a eu pour effet de forcer ainsi, nombres de femmes battues à coexister avec leurs agresseurs. L'AMDH a appelé l'Etat à « assumer sa pleine responsabilité dans l'éradication de la violence de sa source inhérente aux choix politiques, économiques, législatifs et culturels existants consacrés au système social patriarcal qui opprime les femmes ». L'association a souligné la nécessité dans ce contexte de « la levée de la criminalisation des relations sexuelles consensuelles entre adultes et des relations sexuelles hors mariage, qui constituent pour les victimes de violences sexuelles un obstacle à l'accès à la justice » et « la révision des dispositions de la loi 103-13 relative à la violence à l'égard des femmes, avec la participation effective du mouvement des droits humains et des femmes, conformément aux normes internationales de législation sur la violence sexiste (…) tout en donnant aux organisations le droit de se constituer en partie civile. Pour sa part et dans le cadre d'une initiative syndicale lors de cette journée mondiale, la Confédération démocratique du travail a diffusé une série d'affiches et de brochures appelant le gouvernement marocain à ratifier la Convention n°190 de l'Organisation internationale du travail sur l'élimination de la violence et du harcèlement, et la recommandation n°206, relative à l'élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail. La Confédération estime, au regard de l'une des affiches qu'elle a partagées, que la convention n°190 « peut changer nos vies », indiquant qu'elle « apporte des réponses juridiques à toutes les lacunes de la législation nationale » et qu'elle nécessite des efforts concertés de tous jusqu'à ce que le gouvernement l'approuve et devienne partie intégrante de la législation nationale. Les affiches de la Confédération indiquent que la violence et le harcèlement comprennent plus que l'agression sexuelle, car ils peuvent prendre la forme de harcèlement sexuel, de violence verbale ou émotionnelle, de refus de services, de menaces ou de harcèlement criminel, d'intimidation, de refus d'indemnisation ou de promotions, de harcèlement, la privation des libertés d'expression et d'association ou la privation de ressources. La Confédération partage également un mini-guide de la convention et de la recommandation susmentionnées. Le gouvernement a écrit lors de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes pour l'exhorter à ratifier la convention. A son tour, le collectif féministe Khmissa dans un communiqué a déclaré « si de nombreux pays du monde prennent des mesures de protection contre la violence à l'égard des femmes, les femmes marocaines sont exposées aux types de violence les plus dangereux et les plus nocifs, qui est la diffamation en utilisant leur vie privée pour saper leur réputation et déformer leur image dans l'opinion publique ». Le collectif rappelle que « la violence symbolique et psychologique n'est pas moins dangereuse que la violence physique », ajoutant que « les militantes des droits humains, les journalistes et les militantes politiques sont les premières à en subir les conséquences ». Khmissa a dénoncé une fois de plus « la violence contre les femmes sous toutes ses formes, en particulier les cas de viol, d'exploitation sexuelle, de harcèlement et toutes les formes de violence sexuelle», et a renouvelé sa demande de « lever l'impunité des personnes impliquées et de promulguer des lois punitives et claires » Dans son communiqué, le mouvement a parlé de suivre avec « avec une grande préoccupation l'utilisation et l'exploitation croissantes des femmes, et leur implication à tort dans le règlement des comptes politiques, en l'absence de garanties de procès équitable », affirmant que cela « entraînera inévitablement plus de préjudice aux droits des femmes et contribuera à renforcer les schémas de passivité et d'exacerbation du phénomène de violence à l'égard des femmes ». Par ailleurs, une manifestation à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes sous la thématique « Une lutte unitaire continue pour protéger les femmes de la violence endémique à la lumière de la pandémie de Covid-19 » a été interdite devant le Parlement à Rabat.