Les Kabyles espèrent toujours se défaire de la « domination algérienne » et boycottent toutes les échéances électorales en Algérie, a déclaré Ferhat Mhenni, président du Gouvernement provisoire kabyle en exil (Anavad). Ils s'organisent pour faire entendre leur cause auprès des instances internationales. Le pouvoir algérien continue de faire la sourde oreille face aux revendications des Kabyles tout en taisant toutes les voix dissidentes issues de leurs rangs, et qui revendiquent leur « souveraineté » face à l'Algérie. Face à la répression du pouvoir algérien, plusieurs leaders Kabyles ont été contraints à l'exil pour éviter la prison. Alors que l'Algérie a récemment amendé sa Constitution avec un taux de participation historiquement faible, le peuple Kabyle a boycotté cette échéance électorale, indique Ferhat Mhenni, exilé en France. « Ce scrutin n'est pas le seul à avoir été boycotté par le peuple Kabyle. Depuis 1999, la Kabylie boycotte toutes les échéances électorales qui remettent en cause sa souveraineté face à l'Algérie« , souligne-t-il. Selon lui, ce boycott est une réponse des Kabyles qui estiment que la Kabylie et l'Algérie « ne sont pas un seul et même pays ». Joint par Hespress, le président du Gouvernement provisoire de Kabylie a affirmé que l'Algérie et le Kabylie « sont deux entités distinctes, deux voisines qui ne peuvent coexister que sur un même pied d'égalité. La Kabylie refuse de continuer à vivre sous domination coloniale algérienne car elle est née pour être libre et indépendante ». En ce sens, les Kabyles ont entamé les procédures à l'internationale pour se dissocier de l'Algérie. « Nous avons doté la Kabylie d'un parlement (IMNI), et travaillons sur la validation internationale d'un passeport kabyle », a déclaré Mhenni notant des avancées appréciables. « Le peuple Kabyle revendique clairement son indépendance », soutient-il. En outre, le Mouvement des Kabyles avait adressé un mémorandum au Secrétaire Général de l'ONU et à la communauté internationale en 2017 déjà pour expliquer « les raisons qui fondent notre droit à notre indépendance ». Le peuple Kabyle adhère à une « écrasante majorité » au Mouvement d' »indépendance ». Et d'estimer que tout le peuple Kabyle est « fondé à clamer haut et fort, devant le monde entier, que le président algérien n'a aucune légitimité à exercer une quelconque autorité sur la Kabylie ». D'ailleurs, c'est le Mouvement qui a géré la crise sanitaire en Kabylie et non pas le gouvernement algérien, fait savoir le président, qui explique que le confinement a été géré une première fois et une seconde fois face à la deuxième vague du covid-19. « Nous avons apporté une aide sanitaire substantielle à la Kabylie tant du point de vue matériel qu'organisationnel« , dit-il. Aujourd'hui, les Kabyles qui subissent l'oppression du pouvoir algérien tentent de faire bouger la voie diplomatique pour faire entendre leur cause. « Nous continuons d'écrire et d'appeler des instances internationales, particulièrement celles chargées des droits humains, pour les alerter et les sensibiliser sur la répression des militants Kabyles », a affirmé le leader Kabyle. Pour rappel, les Kabyles ont rejoint les manifestations du Hirak algérien anti-système, en participant avec leurs drapeaux. Aussitôt, les forces de police avaient embarqué tous ceux qui hissaient un drapeau Kabyle et ont eu droit à des procès où ils ont été condamnés à un an de prison. La justice algérienne prévoit jusqu'à 10 ans de prison pour ce délit. Le général Gaid Salah qui détenait le pouvoir à l'époque avait clairement interdit qu'un emblème autre que celui de l'Algérie ne fasse partie des manifestations.