Oxfam a averti que les résultats obtenus par le Maroc en matière de lutte contre la pauvreté monétaire pourraient baisser en raison des répercussions économiques et sociales de la pandémie Corona, qui entraîneront à nouveau une augmentation du taux de pauvreté dans le Royaume. Dans un récent rapport à l'occasion de la Journée internationale contre la pauvreté, Oxfam a indiqué que le Maroc a réalisé une réduction significative de la pauvreté monétaire au cours des vingt dernières années, ce pourcentage étant passé de 13,3% en 2001 à 4,8% en 2014, selon les statistiques du Haut-Commissariat au Plan (HCP). Cette baisse de la pauvreté monétaire, que le Maroc a obtenue, est susceptible cependant d'augmenter en raison de la crise économique et sociale provoquée par la pandémie du coronavirus, affirme Oxfam qui s'attend à ce que cette crise entraîne à nouveau une augmentation du taux de pauvreté dans le Royaume. Selon les projections de l'ONG, le pourcentage de personnes exposées au risque de tomber dans la pauvreté en raison de leur situation sanitaire, sociale et économique pourrait passer de 17,1% de la population en 2019 à environ 19,7% en 2020, ce qui représente environ 1,05 million de personnes supplémentaires. Les données de «Oxfam» reposant sur l'analyse de l'indicateur d'engagement des pays à réduire les inégalités, basée sur trois piliers, à savoir les dépenses sociales de services publics, l'imposition de taxes progressives et la promotion des droits des travailleurs. Oxfam a indiqué que le Maroc occupe la 121ème place sur 157 pays, enregistrant une baisse significative du sous-indice des dépenses sociales (103ème), de la fiscalité progressive (137ème) et des droits du travail (101ème). Sur la base de ces données, il est estimé par l'ONG qu' « il n'est pas étonnant de voir que les politiques publiques de réduction des inégalités sont insuffisantes et largement inefficaces, et n'affectent pas toutes les composantes de la société de la même manière, en particulier leurs effets sur les populations les plus vulnérables ». Oxfam avait précédemment soumis un rapport intitulé « Un Maroc équitable, une taxe juste », dans lequel elle enregistrait le manque de dépenses sociales pour les services publics, tels que l'éducation, la santé et la protection sociale, notant que la pandémie Corona « mettait en évidence la fragilité du système de santé, qui souffrait déjà de tares qui existaient auparavant ». Dans ce contexte, l'organisation a expliqué que parmi les faiblesses du système de santé, « on trouve la concentration de 50% des médecins au Maroc dans les deux régions de Casablanca-Settat et RabatSalé-Kénitra ou se trouve 47,9% de la richesse du pays ». Oxfam a rappelé au gouvernement que « les économies doivent se transformer pour garantir l'accès universel à la santé, à l'éducation et aux autres services publics, et pour cette raison, les entreprises et les riches doivent payer leur juste part d'impôts ». Elle a souligné en outre que l'application de ce principe « permettra, dans une large mesure, de réduire l'écart entre les riches et les pauvres et entre les femmes et les hommes », notant que « l'adoption d'un impôt de solidarité sur la fortune au taux de 5% suffira à doubler les dépenses du Maroc pour répondre au Coronavirus ». Alors que le parlement se prépare à discuter du projet de loi de finances 2021, Oxfam au Maroc a souligné « le besoin urgent en ce moment, où la crise des inégalités sociales s'aggrave dans notre pays, d'apporter plus de justice et de clarté à notre système fiscal en faisant contribuer d'une manière les riches et les grandes entreprises plus largement pour protéger les groupes vulnérables ».