Avec la propagation fulgurante du coronavirus à la métropole, 1342 ce samedi, il a été décidé de mettre en place un service Covid-19 au sein de l'hôpital Mohamed Bouafi, pour la prise en charge des patients contaminés. Ainsi, une réunion a été tenue par la direction de l'hôpital pour une mise au point au sujet de ce nouveau service et pour mettre en place une feuille de route pour les gardes. Une feuille de route pour les infirmiers de garde a donc été élaborée. Mais son contenu, qui a fuité sans cachet ni signature, a été comme une grosse gifle pour ces derniers. Cette feuille de route, dont Hespress Fr détient une copie, exige de l'infirmier(e) de garde d'effectuer 2 entrées par jour au sein du service d'isolement (une le matin et une le soir). Au cours de son entrée, l'infirmier(e) doit prendre les constantes vitales de chaque patient, réaliser l'ECG, délivrés au patient son traitement du jour et réalisé les prélèvements sanguins prescrits. Par la suite, l'infirmier(e) doit transmettre toutes ces données par « photo claire » à l'infirmier chef qui lui, les transmet à son tour au médecin de garde qui ne se trouve pas au sein de l'hôpital, en cas d'urgence mais livre toutefois ses « instructions » à distance. Joint par Hespress Fr, Fatima-Zahra Benine, membre du mouvement des infirmiers et techniciens de santé du Maroc (MITSM), a été comme l'ensemble de ses confrères, surprise par cette « injustice ». « Alors que le médecin-chef se trouve bien au chaud chez lui, et livre ses instructions à distance, les infirmiers, eux, sont exposés au risque sans la moindre reconnaissance du sacrifice qu'ils accomplissent » dit-elle. « Nous estimons que c'est une insulte aux infirmiers , au front face au COVID-19 depuis son apparition », souligne Fatima-Zahra. La feuille de route des infirmiers de garde au sein de l'hôpital Mohamed Bouafi de Casablanca, a été rejetée en bloc par cette catégorie de professionnels de la santé, qui déplore une discrimination, surtout que le nombre de contaminations dans leurs rangs est estimé à plus de 750 cas, selon le décompte du MITSM. « Nous refusons catégoriquement cette feuille de route qui circule et nous déplorons cette injustice. C'est une insulte à l'infirmier. On n'a pas peur du Covid. Nous le combattons depuis le début, mais là c'est une insulte directe et un manque de respect aux infirmiers et techniciens de santé », dit-elle. D'ailleurs, le MITSM, qui a longtemps milité pour l'équité dans la prime de risque (1.400 pour les infirmiers, et jusqu'à 5.000 dhs pour les médecins) a vu cette revendication « détournée» par le ministère de la santé. Ce dernier avait suggéré, lors d'une réunion avec les syndicats les plus représentatifs du secteur dans le cadre du dialogue sociale, «l'augmentation » de cette prime pour atteindre 4.000 dhs, pour l'ensemble du personnel du ministère de la santé. Une suggestion insensée selon le MITSM qui estime qu'aucune catégorie du corps soignant n'avait parlé auparavant de cette prime de risque, considérant qu'ils étaient les seuls à l'intégrer dans leur dossier revendicatif toujours en stand-by. « Une assistante de direction ou encore une secrétaire, ne court pas le même risque qu'un infirmier ou technicien de santé qui sont exposés au danger et au virus au quotidien. Donc, donner une prime de risque pour tous le monde n'est autre qu'un moyen de détourner l'attention de notre dossier revendicatif. D'ailleurs, le ministère des finances rejettera sûrement cette proposition vu le budget que cela implique, et nous reviendrons donc à la case départ concernant cette demande pressante dont nous étions les seuls à parler », estime un autre membre du MITSM qui s'est confié à nous sous couvert de l'anonymat. Il convient de rappeler, qu'au jour d'aujourd'hui, la prime exceptionnelle prévue en faveur du corps soignant comme reconnaissance de leur combat face au virus fantôme n'a jamais été versée selon plusieurs infirmiers interrogés par Hespress Fr.