Pascale Ferrier, 53 ans, d'origine française qui avait obtenu la citoyenneté canadienne en 2015, est accusée d'avoir envoyé une lettre empoisonnée à la ricine au président américain, Donald Trump. Elle risque de payer son acte très cher. Arrêtée dimanche, celle qui désormais est appelée par les médias canadiens « la femme de Longueuil » en lien avec son quartier (Montréal) où elle résidait pourrait passer le reste de ses jours en prison si elle est reconnue coupable aux Etats-Unis. D'ailleurs son domicile, a été perquisitionné par la Gendarmerie royale du Canada (GRC), lundi à la demande du Federal Bureau of Investigation (FBI). Un compte Twitter à son nom et avec son année de naissance a récemment utilisé « killtrump » (tuer Trump) à plus d'une reprise. Selon les experts, la suspecte pourrait être accusée de tentative de meurtre, d'acte terroriste ou de menace envers les fonctionnaires du gouvernement aux Etats-Unis, puis d'acte terroriste au Canada, ce qui pourrait en faire une prisonnière à vie. Mardi en fin d'après-midi, elle a été formellement inculpée de menaces contre le président des Etats-Unis, lors d'une audience devant un tribunal de l'Etat de New York. Représentée par une avocate commise d'office Pascale Ferrier a comparu, devant un magistrat fédéral en présence d'un interprète français-anglais et sa défenderesse, au tribunal de Buffalo dans l'Etat de New-York, à la frontière canadienne où elle avait été arrêtée dimanche. Selon l'acte d'accusation rendu public mardi, c'est elle qui aurait adressé au président américain une lettre reçue vendredi au centre de tri postal de la Maison Blanche, contenant de la ricine, poison potentiellement mortel produit par le traitement de graines de ricin. Pascale Ferrier est accusé d'avoir concocté la missive empoisonnée depuis son domicile à Montréal où elle habitait depuis quelques mois. En plus de la lettre destinée au président Trump, elle en aurait envoyé, cinq autres contenant aussi de la ricine à des agences fédérales américaines de l'Etat du Texas. L'une d'entre elles, aurait été expédiée au service de police de Mission. Au Texas, on ne badine pas, la peine de mort est toujours en vigueur. Elle a été arrêtée, en tentant de traverser la frontière américaine par voie terrestre depuis l'Ontario avec une arme à feu à bord de son véhicule. Son arrestation est survenue dimanche près d'un an après qu'elle a été déportée des Etats-Unis vers le Canada, car son visa de six mois était échu. Elle avait passé deux mois derrière les barreaux. En mars 2019, elle avait été arrêtée par la police de Mission, au Texas, pour « possession d'une arme illégale, résistance à son arrestation et port d'un faux permis de conduire », a confirmé au Journal le détective Art Floris, porte-parole de la police de Mission. Selon un enquêteur, la lettre renfermait un mot destiné au président qui disait: « J'ai trouvé pour vous un nouveau nom : « l'affreux clown tyrannique, j'espère qu'il vous plaira. Vous ruinez les Etats-Unis et les conduisez au désastre ». Puis elle aurait ajouté « Abandonnez, ne vous présentez pas à cette élection », avant de souligner avoir glissé dans la lettre « un cadeau spécial » – le poison – pour « l'aider » à se décider. « Si ça ne marche pas, je trouverais une meilleure recette pour un autre poison, ou j'utiliserais mon arme le jour où je pourrais venir », concluait-elle, en signant « Free Rebel Spirit » (L'esprit rebelle libre). Des formules et une signature que les enquêteurs disent avoir retrouvées dans six autres lettres envoyées au Texas mi-septembre, à des personnes travaillant dans des centres de détention où Mme Ferrier a été incarcérée en 2019, après son arrestation. En attendant, elle restera incarcérée aux Etats-Unis, les procureurs jugeant qu'elle présente « un haut risque de fuite ».