A l'approche des élections législatives prévues début d'automne 2021, les mouvements des organisations de femmes sont en ordre de bataille au sein des partis politiques afin d'assurer une représentation honorable des femmes aux deux Chambres. Aussi dans le but de promouvoir la représentation politique des femmes, des quotas électoraux en leur faveur avaient été inclus dans la Constitution de 2011 mais le genre féminin reste sous représenté au sein de nos Assemblées, celles, des représentants et des conseillers. La mise en place de quota (2002 revu et corrigé en 2011) n'y aura pas changé grand-chose. En 1993 il y a avait 2 députées (1%) dans la Chambre basse, 35 en 2002 (11%), 34 en 2007 (10%) et actuellement elles sont un peu plus d'une soixantaine, plaçant le Maroc de fait à la 109ème position sur 187 pour le nombre de femmes représentées dans les Assemblées selon l'Union interparlementaire. Toujours est-il qu'une telle prise en compte des femmes comme catégorie de personnes éligibles est certes un grand pas de réalisé, mais il reste cependant insuffisant aux yeux de la députée de l'Istiqlal la présidente du groupe de travail thématique chargé de l'équité et de l'égalité à la Chambre des représentants, Mounira Rahoui. En se confiant à Hespress la députée a un autre regard sur la représentativité féminine dans le milieu politique au Maroc. Mounira Rahoui ne renie pas l'évidence et confirme « qu'il y a une évolution importante en termes de présence des femmes au parlement et qu'elles jouent un grand rôle, grâce à leur travail au sein des commissions, pour faire en sorte que les lois approuvées par l'institution législative répondent aux exigences de l'égalité des sexes ». Cependant, elle ne cache pas l'existence d'obstacles et de difficultés qui limitent leur ambition pour une meilleure efficacité. Mounira Rahoui estime, que mettre de côté les entraves à l'ambition des femmes politiques au sein de l'institution législative nécessite l'élaboration de lois strictes et proverbiales. Or, dans ce contexte dans les deux bureaux, et celui de la direction de la Chambre des représentants et des conseillers, il y a dysfonctionnement. Le premier comprend une représentation féminine, alors qu'il n'y a pas de femme dans ce contexte dans le bureau directeur du deuxième Conseil. La députée du parti de l'Istiqlal attribue « la raison de la faible présence de femmes au bureau de la Chambre des représentants au fait que le droit interne du Conseil stipule que les femmes représentent un tiers de la composition du bureau, tandis que le règlement de la Chambre des conseillers ne prévoit pas de clause similaire ». Aussi note-t-elle que « seuls des lois -seul moyen de renforcer la présence des femmes à ces postes-, peuvent faire avancer les choses car si pour la première Chambre le quota octroie le tiers des sièges ce n'est malheureusement pas le cas pour la seconde qui devra batailler pour y arriver.». Et de poursuivre, « Malgré que le Maroc a promulgué un ensemble de lois visant à atteindre cet objectif, ils demeurent d'autres obstacles qui entravent l'accès des femmes aux postes de responsabilité et ce même au sein des partis politiques parce qu'elles sont confrontées à nombre de difficultés de la part des hommes, dans une société où la mentalité patriarcale est encore dominante et celle masculine est encore plus répandue et ce dans tous les pays ». Rahoui ne cache pas que les femmes politiques au Maroc « sont confrontées à une concurrence «inégale» de la part des hommes politiques. Ces derniers possèdent certains mécanismes de pression pour défendre leurs intérêts, et quand les femmes cherchent à améliorer leur situation, elles se heurtent à une position de monopole ou à un abus de position dominante car elles tentent d'entrer dans une arène jusque-là interdite ». Alors que certains considèrent le système de « quotas » pour les femmes comme une « rente politique », Rahoui affirme que les lois et règlements qui améliorent la représentation des femmes dans les institutions élues ont des mécanismes autres, plus démocratiques, et fait référence à l'expérience britannique, selon laquelle ses membres sont nommés à « parité » absolue entre les femmes et les hommes. L'introduction de quotas pour les femmes a certes permis un bond qualitatif vers une politique dont les visées se veulent plus ou moins équitables, mais permettra-t-il d'envisager un accroissement substantiel de la représentation des femmes ? Le mot de la fin est pour la députée. « En général, il y a un grand développement en termes de présence quantitative et qualitative des femmes au parlement marocain, que ce soit en tant que parlementaires ou membres de commissions parlementaires », dit Rahoui, ajoutant : « Il y a développement, efficacité et don de la part des femmes parlementaires, et il y a un travail conjoint entre nous pour renforcer la présence des femmes dans l'institution législative. Nous pouvons être en désaccord sur tout, mais nous nous unirons sur la question de l'augmentation de la représentation féminine ».