Les partici-pantes à la conférence-débat, organisée par Fathia Bennis, membre fondateur de l'Association des femmes chefs d'entre-prises au Maroc, ont mis l'accent sur un certain nombre de facteurs qui entravent toujours le processus de réhabilitation des femmes dans le champ politique. Fatima Farhat Membre du bureau politique du MP : La liste nationale, un mécanisme d'exclusion Les participantes à la conférence-débat, organisée lundi 21 novembre, se sont accordées pour affirmer que les partis politiques utilisent de plus en plus le mécanisme de la liste nationale pour exclure les femmes candidates des circonscriptions locales. «Nous avons pratiquement échoué en matière d'usage du mécanisme de la liste nationale censé être provisoire. Les partis utilisent aujourd'hui ce mécanisme pour exclure la femme des listes locales. Il faut encourager les femmes à se présenter au niveau des circonscriptions locales pour obtenir une réelle normalisation», a indiqué Bassima Hakkaoui, députée PJD. «Nous ne pouvons continuer d'utiliser à l'infini le mécanisme de la liste nationale au détriment de l'opération démocratique. Il faut apprendre aux femmes de tenter leurs chances dans le cadre des circonscriptions locales», a souligné, pour sa part, Naïma Rebbaâ, candidate tête de liste du parti de l'Istiqlal à Casablanca. Zoubida Bouayyad Conseillère USFP à la 2ème Chambre : La frilosité des femmes, une entrave majeure à l'amélioration de la représentativité Selon les participantes à la conférence-débat, c'est aussi l'attitude des femmes qui hésitent à aller de l'avant et à s'engager qui constitue une entrave au renforcement de la place des femmes dans le champ politique. «Il y a certaines femmes qui utilisent la liste nationale comme refuge. Elles n'ont pas envie de faire un effort ni de risquer leur place au Parlement. Qu'on le veuille ou non, les femmes qui remportent un siège à travers la liste nationale n'ont aucune légitimité», explique Mme Hakkaoui. Zoubida Bouaâyad, conseillère USFP à la deuxième Chambre, a pour sa part incité les femmes à travailler sur le terrain. «Les femmes doivent participer aux activités de terrain, notamment au niveau des circonscriptions. C'est le travail de terrain qui permet d'écouter la population et de comprendre ses attentes. Le Marocain est très sensible à tout ce qui est relationnel», a-t-elle indiqué. Bassima Hakkaoui Députée PJD : Pour une représentativité qualitative Afin de gagner le pari de l'amélioration de la représentativité, les représentantes des différentes sensibilités politiques ont mis l'accent sur la nécessité de promouvoir le volet qualitatif de la représentativité. Mme Hakkaoui, membre du secrétariat général du PJD, a signalé que le rendement d'un certain nombre de femmes parlementaires dans le cadre de l'actuelle législature a été très faible. Elle a de ce fait appelé les futures femmes députées à faire de leur mieux pour donner une bonne image de l'action féminine et encourager les partis à leur faire confiance pour les échéances futures. «La femme a beaucoup de potentialités. Aussi, les femmes sont moins corrompues que les hommes et ont de ce fait une certaine crédibilité. Mais encore faudra-t-il que ces potentialités soient mises en exergue par les femmes elles-mêmes», a précisé, pour sa part, Farhat Fatima, membre du bureau politique du PPS et candidate tête de liste du parti à Casablanca. Mbarka Bouayda Députée RNI : La réticence des mâles au sein des partis politiques Pour les hommes, la femme n'est pas toujours la bienvenue dans les instances de prise de décisions. C'est un problème de mentalité qui, selon les participantes à la conférence-débat, constitue un obstacle majeur pour la cause féminine. «Les hommes ont pris une grande longueur d'avance sur les femmes. Ils étaient les premiers sur la scène politique et ont pu renforcer leur position. Le problème aujourd'hui c'est qu'il y a des réticences au sein des partis à l'égard des femmes», estime Mme Bouaïda. «Le renforcement de la présence des femmes dans les instances de prise de décisions se heurte tout le temps au conservatisme de tous les partis politiques. A chaque fois qu'il est question d'attribuer une mission à une personne on cherche tout d'abord les compétences parmi les mâles et ce n'est qu'à défaut qu'on pense aux femmes», a souligné Mme Hakkaoui.