Kristalina Georgieva, la directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI), a fait dimanche à l'issue de la Conférence internationale de soutien et d'appui au Liban une déclaration où elle expose les conditions du FMI pour venir en aide au pays du cèdre. Tout en exprimant sa solidarité avec le peuple libanais et adhérant à cette initiative de soutien à un pays meurtri par la tragédie de Beyrouth, la crise économique et sanitaire, la directrice du FMI a retracé l'historique des relations de l'Institution avec le Liban et a pointé du doigt la chose politique dans le pays. « Durant des mois, le Liban a été aux prises avec de profonds défis économiques et sociaux, aggravés par une pandémie, mais encore plus par le manque de volonté politique d'adopter et de mettre en œuvre des réformes significatives que le peuple libanais réclame » a-t-elle notamment déclaré. « Depuis plusieurs mois, nous avons été en étroite communication avec les autorités libanaises, ainsi qu'avec la société civile et la communauté internationale, pour négocier les principaux éléments d'un ensemble de réformes visant à combattre une crise qui s'aggrave, renforcer la gouvernance et la responsabilité en matière économique, rétablir la confiance, ainsi qu'attirer des financements publics et privés ». Du point de vue du FMI voilà les conditions essentielles pour relancer l'investissement, créer des emplois et assurer une croissance durable et inclusive. « Malheureusement, ces discussions n'ont pas encore abouti. » La Directrice générale du FMI se dit au nom de l'Institution qu'elle dirige être prête à redoubler d'efforts. Mais au Liban il est une urgence c'est que le pays est en besoin d'un but commun et que toutes les institutions se réunissent déterminées à mener à bien les réformes indispensables. Kristalina Georgieva a dévoilé quatre volets sine qua none pour parvenir à un accord, rétablir la solvabilité des finances publiques et du système financier, mettre en place des garde-fous temporaires pour éviter des sorties de capitaux prolongées, nécessité de prendre rapidement des mesures pour réduire les pertes prolongées de nombreuses entreprises publiques et enfin l'obligation d'un filet de sécurité sociale élargi afin de protéger les groupes les plus vulnérables de la population libanaise. Pour ce qui est du financier, la responsable du FMI indique « A moins que la dette publique ne soit viable, les générations actuelles et futures du Liban seront aux prises avec plus de dettes qu'elles ne pourront jamais en rembourser. C'est pourquoi le FMI fait de la viabilité de la dette une condition de prêt ». Mais pour ce faire, des réformes profondes devront être engagées. Le système financier du Liban doit être solvable pour promouvoir une activité économique productive. « Cela nécessite une restructuration du système financier – avec ceux qui ont profité de rendements excessifs par le passé partageant le fardeau de la recapitalisation des banques afin que l'épargne de la grande majorité des petits déposants libanais soit protégée ». Puis poursuivant par la mise en place des balises quant à une fuite des capitaux qui ébranleraient davantage le système financier pendant que les réformes sont mises en place. « Il s'agit notamment d'adopter une loi qui formalise les contrôles des mouvements de capitaux dans le système bancaire et élimine le système actuel de taux de change multiples. Cela contribuera à protéger les réserves de change du Liban, tout en réduisant la recherche de rentes et la corruption ». Peu tendre dans son tertio Kristalina Georgieva n'y va pas de main morte et n'oublie pas l'obligation de contrôle de son Institution. « Il doit y avoir plus de prévisibilité, de transparence et de responsabilisation, notamment en effectuant des audits complets de plusieurs institutions, y compris la banque centrale ». Enfin passant à la protection sociale la patronne du FMI déclare « les groupes les plus vulnérables de la population libanaise doivent pas être ceux qui supportent le poids de cette crise ». Puis concluant « d'un oui mais » elle affirme que le FMI est prêt à apporter son aide « l'engagement en faveur de ces réformes, débloquera des milliards de dollars au profit du peuple libanais. C'est le moment pour les décideurs politiques du pays d'agir de manière décisive. » L'allusion est on ne peut claire et elle a trait au Hezbollah. En effet, le fossé qui existe entre le Hezbollah, qui refuse d'accorder un blanc-seing à l'institution est un secret de Polichinelle. Pourtant bien des milieux politiques au Liban sont persuadés que l'aide que pourrait prodiguer cette instance est incontournable. Le parti pro-iranien a tout à craindre des conditions du FMI qui sont, autant de mesures hautement impopulaires qui toucheraient la base du parti chiite. Mais les appréhensions réelles sont à chercher dans le tertio. Un contrôle strict anéantiraient la contrebande dont il se nourrit et qui est considérée comme les poumons du Hezbollah. Ce serait l'asphyxier d'autant plus qu'il suffoque déjà sous les sanctions imposées par les Etats-Unis.