La Covid-19 se propage encore et toujours dans le Royaume. Mais le gouvernement a tout de même décidé de maintenir la célébration de Aid Al-Adha (fête du mouton) qui reste une fête religieuse sacrée et très attendue par les Marocains. Les préparatifs vont bon train jusqu'à présent, sous la supervision des autorités qui veillent au respect des mesures de protection sanitaire et des gestes barrières autant par les professionnels que par les citoyens. Cela dit, la fête du mouton au Maroc est accompagnée d'un bon nombre de coutumes et de traditions. Le père de famille, par exemple, emmène ses enfants avec lui au « Souk » pour choisir un mouton et les familles se rendent visite pendant les premiers jours de l'Aid. Une fête et des habitudes qui peuvent engendrer une crise sanitaire dans le pays, si les citoyens n'assument pas leurs responsabilités, estime Pr Moulay Mustapha Ennaji virologue et directeur du laboratoire de virologie à l'Université Hassan II de Casablanca. « Tout d'abord, le détail important que doit retenir le citoyen, c'est que rien n'a changé. Le virus est toujours là. Il se propage encore et encore. Et il n'y a toujours pas de remède à la pandémie, puisque le vaccin n'est pas attendu avant 2021. Aujourd'hui c'est la fête du mouton, elle a été maintenue grâce aux mesures prises par les autorités. Il nous reste en tant que citoyens, à assumer nos responsabilités et respecter les gestes barrières. Chaque citoyen a la responsabilité de se protéger et de protéger son entourage« , indique le virologue à Hespress Fr. En effet, Pr Ennaji avance que « si les mesures barrières ne sont pas respectées par les citoyens, il faut s'attendre 15 jours après l'Aid à des surprises, pas nécessairement bonnes« . Selon lui, « la hausse des cas contaminés par la Covid-19 ne sera pas observée le premier ou le deuxième jour de l'Aid. Mais les conséquences apparaîtront 15 jours après. Et on a assisté à cela aux Etats-Unis. 15 jours après la fête nationale américaine, où les gens sont sortis et ont célébré l'événement, ils ont eu un pic de cas ». Pour ce qui est du Maroc, le virologue indique que malgré ce que peut représenter la célébration de Aid Al-Adha comme risque de pic épidémiologique, « il est difficile de l'annuler puisqu'il fat prendre en compte non seulement l'aspect social (les gens ne se sont pas rencontrés pendant toute la période de confinement… etc ) mais économique aussi qui comprend les petits commerçants des différents besoins de la fête ou encore les éleveurs qui ont un bétail à vendre qui leur permet de subvenir à leurs besoins tout au long de l'année« . Tout cela est compréhensible, dit-il, mais, « le citoyen doit comprendre qu'il faut absolument respecter les mesures de protection et les gestes barrières même pendant la période du Aid. Surtout le contact humain qu'il faut éviter au maximum. Parce qu'une personne qui semble en bonne santé, peut être porteuse sans le savoir. C'est les cas asymptomatiques justement. Et donc, lors d'une rencontre, il peut y avoir un contact étroit, chose à éviter. Pendant la fête de l'Aid les familles se rencontrent et se rassemblent, il n'y a pas de mal à ça, mais il faut prendre ses précautions et appliquer les gestes barrières, même autour d'une table surtout si le nombre de personnes est important« , a-t-il conseillé. D'autre part, le virologue estime « qu'aujourd'hui, le citoyen doit être +formaté+ par rapport aux gestes barrières. Ils doivent faire partie de son quotidien, et lui même doit donner des conseils si nécessaire. Il ne doit pas hésiter à faire des rappels à l'ordre pour ce qui est port du masque, distanciation sociale surtout dans les espaces fermés…). Les gestes barrières doivent devenir des gestes de notre quotidien« . En somme, Pr Ennaji insiste sur le fait que la seule chose que le citoyen est appelé à faire aujourd'hui, c'est la prévention. « Au Royaume, la première phase de confinement était sous la responsabilité des autorités publiques qui ont pris des mesures strictes pour sauver le citoyen. Pour les deuxième et troisième phases, qui ont connu l'allègement des mesures de confinement, la responsabilité revient au citoyen« . Il en conclut que les 2e et 3e phases d'allègement des mesures de confinement, connaissent un aspect important qui est d'ordre économique. « Et qui dit économique dit l'ouverture des commerces, cafés, restaurants et la relance économique en général. Mais la seule chose qui nous permettra de sortir et de profiter pleinement de notre liberté avec les moindres dégâts, c'est que le citoyen doit adopter les gestes barrières et l'attitude préventive requise« .