Déconfinement ou pas ? Prolongement de l'état d'urgence sanitaire ou non ? Le verdict est enfin tombé dans la soirée du mercredi 9 juin, après que le gouvernement ait laissé les Marocains en haleine depuis le dernier prolongement de l'état d'urgence sanitaire, le 20 mai dernier. En effet, les autorités compétentes ont décidé la prolongation jusqu'au 10 juillet 2020, de l'état d'urgence sanitaire avec un allègement progressif des dispositifs de confinement. Les régions les plus touchées par la pandémie du Covid-19, n'auront ainsi pas droit à certains « privilèges » comme c'est le cas pour les régions moins touchées par le virus fantôme et qui n'ont enregistré aucun cas depuis quelque temps. Cela dit, la question qui se pose est de savoir si cet allègement du confinement risque de faire apparaître une nouvelle vague de cas. Joint par Hespress Fr sur la question, Moulay Mustapha Ennaji virologue et directeur du laboratoire de virologie à l'Université Hassan II de Casablanca applaudit avant tout l'initiative du gouvernement de prolonger l'état d'urgence sanitaire. Pourquoi ? Le virologue estime que « tôt ou tard, il faut que la population acquière sa propre immunité. Et c'est là où on parle de l'immunité massive. Si on déconfine et on lève l'état d'urgence sanitaire d'un seul coup, les gens vont commencer à se déplacer entre les villes, et du coup, d'une ville où la pandémie est très propagée vers une autre ville moins impactée ou qui n'a pas enregistré de cas depuis des semaines». Pour Pr Ennaji, « pourquoi continuer à confiner une province qui n'a pas de cas Covid-19? Elle doit normalement reprendre son activité économique. Et d'autre part, apporter le plus grand soutien possible aux régions qui recensent un grand nombre de cas et connaissent une propagation du virus, pour qu'elles puissent s'en débarrasser aussi. Et de ce fait, dans quelques semaines seulement, on pourra se défaire totalement de la pandémie». Parlant en toute connaissance de cause, Pr Ennaji assure que s'il n'y avait pas eu cette stratégie de déconfinement des régions « clean », « on aurait assisté à un grand déplacement entre les villes des personnes souhaitant visiter leurs familles et proches, et cela aurait donné suite à nouveau à une propagation du virus et de ce fait on reviendra à la case départ». « Temps qu'on n'a pas une vision claire sur la situation exacte de chaque province, et on n'a pas le feu vert que le virus n'est plus présent au Maroc, il faut que le déconfinement soit progressif comme c'est le cas aujourd'hui», dit-il. Interrogé sur la hausse du nombre de cas récemment, le virologue affirme que c'est dû, bien évidemment, aux nouveaux foyers industriels et familiaux détectés récemment. Il faut juste maîtriser ces foyers, insiste-t-il, notant que « si on regarde la situation épidémiologique au Royaume de manière générale, les indicateurs sont bons notamment le taux de mortalité qui est de 2,5%, le taux de rémission qui est à près de 90% ou encore le nombre de cas qui est toujours à moins de 9000, en comparaison avec d'autres pays où le nombre de cas est important et dont la situation épidémiologique reste grave». Pr Ennaji insiste, en outre, sur le respect continu des mesures barrières par les Marocains lors de cette période de déconfinement, qui est plus dure que le confinement. « Un mètre de distance avec la personne en face, le port du masque, le lavage régulier des mains … c'est des gestes qui devront faire partie de notre vie. Il faut considérer que chaque personne devant vous, même si c'est votre meilleure amie depuis des années ou quelqu'un de très proche, est porteur du virus. Comme il faut se considérer aussi porteur du virus et de ce fait, garder toujours une distance avec les gens pour éviter toute infection des deux sens », dit le virologue, qui considère que les gestes barrières constituent un «un vaccin» en soi.