L.H, jeune femme marocaine travaillant dans le secteur de l'enseignement, ainsi que son époux, commercial, ont quitté leur emploi et vendu leurs biens pour tenter l'aventure canadienne avec leur petit fille de 3 ans, après avoir été admis à l'immigration au Canada. Un projet de vie qu'elle a lancé aux côtés de son époux, a-t-elle confié à Hespress Fr, comme le cas de plusieurs autres Marocains, qui se sont retrouvés bloqués au Royaume, après la fermeture des frontières pour limiter la propagation du Covid-19. Confinement passé, le visa de L.H, ainsi qu'une centaine d'autres, a expiré. Ils ont donc pris contact avec les autorités canadiennes pour l'extension de leur visa. Une demande qui n'a reçu aucune réponse claire, les laissant ainsi dans le flou total et sans aucune visibilité quant à leur avenir. « On a eu notre visa mi-janvier et on comptait partir. On avait déjà nos billets pour la fin du mois de mai. Après, il y a eu la fermeture des frontières etc et notre visa a expiré le 11 juin. On a essayé tout de même d'envoyer des formulaires qui sont le seul moyen d'information avec le bureau de l'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC). On en a envoyé plusieurs mais on reçoit toujours la même réponse standard. On nous dit que, une fois vous êtes prêt à voyager vous envoyez le deuxième formulaire. On l'a déjà envoyé. Et là en réponse, ils nous disent que lorsqu'il y aura reprise normale des activités de l'Ambassade du Canada au Maroc, à ce moment-là seulement, ils vont procéder à l'extension de nos visas », nous explique notre interlocutrice. Une réponse insatisfaisante pour une elle comme pour les nombreux autres Marocains admis à l'immigration canadienne mais toujours bloqués au Maroc. Nous n'avons aucune visibilité, tout en sachant que « nos voisins tunisiens et algériens ont déjà reçu leur extension de visa« , souligne L.H, une de la centaine de Marocains qui attendent toujours une réponse un peu plus claire de la part de l'Ambassade du Canada. « On est dans une situation un peu critique, parce que nous avons démissionné mon mari et moi. J'ai terminé mon préavis, après il ne me restait plus rien. C'était un départ définitif pour nous, un changement de vie. On commençait à ranger nos affaires petit à petit. Mais on se retrouve coincés aujourd'hui. On ne sait pas est-ce qu'on doit chercher à travailler encore, est-ce qu'on doit chercher des petits boulots en attendant, est-ce que je dois inscrire ma fille pour la rentrée de septembre ou je dois attendre. C'est tout un chamboulement. Là on habite chez les parents. C'est un peu délicat comme situation« , dit-elle. Même situation que vit un Marocain, chef d'entreprise, et son épouse qui ont également tout cédé pour commencer une nouvelle vie au Canada. Notre interlocuteur, A.K, a même changé de ville, déménageant ainsi de Rabat vers Casablanca pour s'organiser avant son départ définitif au Canada. Il a dû vendre son entreprise et déscolariser sa fille, puisqu'il a eu ses papiers d'immigration en Janvier 2020. Cependant, il s'est également retrouvé et sa famille avec, en possession d'un visa expiré, après la fermeture des frontières, et qu'il ne peut pas renouveler puisque l'Ambassade du Canada au Maroc a fermé toutes les portes devant eux. « On aimerait avoir une visibilité, on aimerait qu'ils nous disent qu'à partir de cette date-là, ils vont commencer à traiter les extensions de visa. On aimerait avoir une certaine visibilité pour qu'on sache où est-ce qu'on en est. Parce que là, c'est vraiment un projet de vie. On a tout laissé tomber pour pouvoir y aller. On s'est engagés à 1000%, on a payé, on a vendu des choses, on a absolument tout fait. On attend juste un petit quelque chose de leur part aussi, ce qu'on n'a pas au jour d'aujourd'hui. Je comprends qu'ils puissent être eux aussi un peu perturbés avec la crise sanitaire, ne sachant quoi faire. Mais là, humainement parlant, on aimerait avoir une certaine visibilité par rapport à notre expansion du visa« , a-t-il dit. A noter que notre rédaction a tenté à plusieurs reprises de joindre les services concernés au niveau de l'ambassade du Canada à Rabat, mais sans plus de succès que les Marocains bloqués qui tentent aussi leur chance des dizaines de fois par jour.