Au Royaume, le nombre de cas confirmés porteurs du Covid-19 a atteint les 2.685, avec 137 décès, 314 guérisons et 11.004 cas exclus après des résultats négatifs du laboratoire. Ainsi, et malgré les mesures imposées par les autorités du Maroc, le pays s'approche des 3.000 cas avec une cadence de près de 100 contaminations enregistrées par jour. Où en est donc le Maroc aujourd'hui ? Les mesures prises par les autorités, notamment la prescription du traitement à base de chloroquine ont-elles donné les résultats escomptés ? A quel moment pourra ton voir le bout du tunnel dans cette crise sanitaire du coronavirus ? Joint par Hespress Fr au sujet de toutes ses questions, Professeur Moulay Mustapha Ennaji, virologue et directeur du laboratoire de virologie à l'Université Hassan II de Casablanca, nous indique qu'il est important de revenir aux données, notamment la courbe épidémiologique dans notre pays. Cette courbe épidémiologique, poursuit-il, est composée de trois étapes. La première étape c'est la phase exponentielle. Elle est régie en quelque sorte par un facteur qu'on appelle le R, qui est le taux de transmission, explique-t-il. C'est-à-dire une personne infectée par le Covid-19 va contaminer 2.5 personnes au Maroc. « En somme, cela veut dire que si on a une personne infectée, elle va contaminer 3 personnes, et c'est trois vont contaminer 9, et c'est 9 vont contaminer 27 et ainsi de suite. Et cette augmentation va partir en hausse jusqu'à atteindre la phase qu'on dit stationnaire, où les chiffres stagnent. C'est-à-dire que ce taux R ne sera plus applicable » explique Pr Ennaji. Selon le virologue, le Maroc se trouve dans cette phase stationnaire, qu'on appelle également plateau. Il avance ainsi que « si on revient aux données de ces 5 derniers jours, on remarque que le Royaume enregistre 70 cas/J, 80, 90, et aujourd'hui 100 cas, soit une légère augmentation ». Selon le spécialiste, il faut donc attendre qu'on arrive à un point qu'on appelle le point d'inflexion. Qu'est-ce ce point d'inflexion ? « Cela implique que le taux va commencer à baisser et au lieu d'avoir une centaine de cas par jour, on va avoir 70 cas, 50 cas, 30 cas, jusqu'à arriver au taux 0. A partir de ce taux qui est le R :0, c'est-à-dire on a une personne qui contamine 0 personne, c'est là où les autorités vont déclarer qu'on est en quelque sorte en dehors de la période de confinement », explique-t-il. Cependant, toutes ces données-là, et ces résultats plutôt rassurants, notamment le nombre de guérisons qui augmente face aux décès, « reviennent principalement aux mesures prises par les autorités depuis le début de la crise, à savoir l'imposition du confinement, le port obligatoire de masque, la médication et l'application des mesures hygiéniques, et auxquelles les médias ont largement contribué », analyse le virologue. « Aujourd'hui, la population, en tout cas la grande majorité, connait les mesures hygiéniques à prendre et est consciente de l'ampleur de la situation, grâce aux médias qui ont contribué à instruire les citoyens dans ce volet», relève soulève Pr Ennaji. Et donc, poursuit-il, tous ces facteurs ont fait en sorte que le taux de guérison soit en augmentation, le taux de mortalité en stagnation, et le taux de contamination est aussi aux alentours de 100 cas par jour. Toutes ces données sont intéressantes et rassurantes, dans la mesure où il faut attendre les jours à venir et en fonction de l'évolution de l'épidémie. Est-ce qu'il y aura une augmentation ? Si oui, elle est tributaire de quoi ?. Selon l'expert, cette évolution sera tributaire du respect du confinement. « L'augmentation intervient, lorsque de nouveaux foyers sont créés. Par exemple, une personne qui est sortie et qui n'a pas respecté le confinement, elle ramène le virus dans sa famille, et là, le taux augmente. Mais, maintenant, si la population respecte le confinement, avec l'ensemble des mesures prises par les autorités, le nombre de contaminations et donc de propagation du virus sont supposées fléchir, ce qui va nous permettre de sortir vite de la crise et aller vers le R :0 », explique-t-il. S'agissant de la chloroquine, notre interlocuteur, fait savoir que depuis l'application du traitement, le nombre de décès a reculé tandis que le nombre de guérisons a augmenté. « Il est clair qu'il y a la contribution de la médication dans ces résultats. Et même la stratégie adoptée par le comité scientifique de donner la chloroquine au début, et ne pas attendre à ce que l'état du patient soit avancé, est un protocole efficient », avance-t-il. Cela dit, et malgré les résultats probants du traitement à base de chloroquine et d'hydroxychloroquine, professeur Ennaji estime qu'il y a aussi les mesures d'hygiène, et le respect du confinement par la population, qui a favorisé cette stagnation, soulignant que « toutes ses mesures-là, feront en sorte qu'on aille vers une courbe descendante ». Tout en remerciant tout le personnel soignant qui se trouve au front pendant cette crise épidémiologique, les autorités (police, gendarmerie, armée ..) et toutes les parties qui contribuent pour la sortie de cette crise, le virologue a également appelé la population au respect des consignes préventives. Et de conclure: « La solution de la sortie de cette crise sanitaire est entre les mains du citoyen. Parce que toutes ces mesures qui sont instaurées, de traitement etc, ce sont des réactions qui viennent après l'infection. Mais si on veut réduire l'infection, il faut que la population se conforme aux instructions et respecte les mesures ».