Au moins une centaine de Marocains restaient bloqués dimanche soir, à la frontière avec l'enclave espagnole de Sebta, en « l'absence de réaction de la part des autorités marocaines« , selon des témoins. Depuis trois jours, ces hommes et ces femmes, dont des personnes âgées, prennent leur mal en patience dans un camp de fortune, incapables de rentrer au Maroc qui a décidé de fermer ses frontières à cause de la menace de propagation du coronavirus. Si la décision du gouvernement marocain de fermer son espace aérien et ses frontières pour tenter de contrôler la propagation de l'épidémie du coronavirus, a été saluée et jugée audacieuse, des centaines de Marocains restent toujours bloqués dans ces pays là, notamment dans l'enclave espagnole de Sebta où ils sont au moins 120 personnes, selon un témoin sur place contacté par Hespress FR. Depuis vendredi et sous la pluie, ces Marocains dont la majorité habitent non loin de l'enclave, côté marocain, sont bloqués au poste frontière. « Nous n'avons pas dormi. Nous avons passé la nuit à compter les étrangers qui passaient la frontière vers l'Espagne« , s'est indigné une femme d'un âge avancé. « Nous pensions que des mesures réciproques allaient être mises en place. Lorsqu'ils n'y avait plus de véhicule au soir, nous avons tenté de sortir nous aussi mais ils ne nous ont pas laissés passer« , a-t-elle ajouté. Assis à même le sol, sur des cartons, et seulement quelques couvertures pour se tenir au chaud, ces Marocains font part d'une « situation critique« , des « conditions inhumaines » et dégradantes touchant à leur « dignité ». « Personne, aucun responsable n'est venu nous parler« , a déclaré notre source. « Il y a de vieilles personnes ici, des travailleurs journaliers, des femmes de ménage, des gens possédant un visa touristique venus passer uniquement la journée ici et rentrer« , explique-t-elle. « Nous sommes assis à même le sol. Il fait froid, il pleut et nous n'avons rien pour nous protéger« , déplore cette victime qui a été surprise par la non réciprocité des mesures décidées par le Maroc. Et de poursuivre: « Le plus grand problème, c'est que la presse officielle a dit que les frontières allaient fermer, que personne ne pourra ni entrer ni sortir. Nous pensions que cela allait s'appliquer pour tout le monde, nous avons été surpris de voir des Espagnols et d'autres nationalités qui entrent sur ici (à Sebta, ndlr). Au moment où je vous parle, les caravanes et les cars sont en train de passer la frontière et nous, nous sommes interdits de sortie« . « Nous sommes prêts à passer sous les caméras thermiques, à subir tous les tests nécessaires s'il le faut, mais nous voulons rentrer chez nous« , lance un autre citoyen bloqué à la frontière. Pour rappel, le Maroc avait annoncé jeudi soir la suspension jusqu'à nouvel ordre, des vols aériens, du trafic maritime de passagers en provenance et à destination de l'Espagne, une décision, à effet immédiat, qui a été prise avec concertation entre les autorités des deux pays. Par ailleurs, le Maroc avait annoncé la suspension de toutes les liaisons aériennes et maritimes en provenance et à destination de la France d'ici lundi. Alors que la France a commencé à négocier les termes de rapatriement de ses ressortissants, et les Espagnols qui ont pu regagner Sebta par voie terrestre, selon nos sources, les citoyens marocains, eux, restent coincés de l'autre côté de la frontière.