L'organisation Human Right Watch (HRW) a appelé, lundi 10 février, le gouvernement malien à enquêter et à poursuivre en justice tous les responsables d'exactions graves commises au Mali après un rapport concernant les exactions qui ont touché des civils, pour la plupart des villageois, dans des crimes communautaires et d'extrémisme religieux. Dans un rapport intitulé « « Combien de sang doit encore couler ? » : Atrocités commises contre des civils dans le centre du Mali, 2019 » publié lundi, Human Rights Watch explique l'ampleur des attaques perpétrées par les groupes armés à l'encontre de civils, souvent pour leur appartenance ethnique. Exhortant les autorités maliennes à « accélérer les enquêtes et les poursuites contre les responsables » de ces attaques « de toute urgence, l'organisation de défense des droits humains a rappelé l'étendue des crimes commis qui vont des exécutions de civils après les avoir faits descendre de transports en commun pour leur appartenance ethnique jusqu'à brûler vifs des villageois. Le rapport de 97 pages se base sur des récits de témoins de dizaines d'attaques perpétrées en 2019 par des groupes armés, au cours desquelles au moins 456 civils ont été tués, et des centaines d'autres blessés, explique un communiqué publié lundi. Selon l'ONG, l'année 2019 a été la plus meurtrière au Mali depuis le début de la crise politique et militaire en 2012, avec comme épicentre des violences dans le centre du pays. « La violence qui touche le centre du Mali s'est intensifiée progressivement depuis 2015, quand des groupes islamistes armés alliés d'Al-Qaïda ont commencé leur descente du nord vers le centre du pays. Depuis lors, ces derniers, ainsi que des groupes récemment ralliés à l'Etat islamique dans le Grand Sahara, ont attaqué les forces de sécurité du gouvernement et commis des atrocités contre des civils », indique HRW. Affirmant que le nombre total de civils tués dans les attaques communautaires et islamistes dans le centre du Mali était beaucoup élevé que le nombre de décès documentés, la publication de Human Rights Watch ajoute que selon les attaques documentées, elles ont eu lieu dans plus de 50 hameaux et villages situés pour la plupart à proximité de la frontière entre le Mali et le Burkina Faso, causant en outre, des déplacés et des épisodes de famine. Dans une déclaration de la directrice de Human Rights Watch pour l'Afrique de l'Ouest et autrice du rapport, les groupes armées dans le centre du pays, « tuent, mutilent et terrorisent des communautés, apparemment sans craindre de devoir rendre des comptes ». « Le bilan humain en vies détruites s'alourdit à mesure que se répètent les cycles mortels de violence et de vengeance », a-t-elle ajouté. Pour les besoins de ce rapport Human Rights Watch a fait 4 déplacements au Mali au cours de l'année 2019, notamment dans le centre et dans la capitale, tout en menant des entretiens téléphoniques et en interrogeant des 147 victimes et témoins des massacres commis, des leaders de plusieurs communautés, des fonctionnaires de sécurité et de justice, ainsi que des experts dans le domaine de la sécurité.