La mémoire judéo-marocaine est un trésor du patrimoine national repris par une jeunesse marocaine avide d'une diversité artistique qui fait la singularité du Royaume, a souligné l'artiste et chanteuse marocaine Suzanne Harroch. Dans son intervention à l'occasion d'une table ronde, organisée par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), pour présenter l'ouvrage "La musique juive du Maroc" de son auteur Ahmed Aydoun, Mme Harroch a relevé que la coexistence harmonieuse des Juifs et Musulmans du Maroc, en plus de leur recours au même fait culturel, ont permis d'avoir des culture et une tradition commune. Les femmes juives de Tafilalt détenaient un répertoire singulier de chansons des espaces intérieures, interprétées notamment dans des cérémonies religieuses, des baptêmes et des mariages, a expliqué l'artiste originaire de la ville d'Erfoud. S'il est doté de belles paroles considérées comme des leçons de morales, ce genre de chant risque malheureusement la perdition, a prévenu Suzanne Harroch. Pour sa part, le chanteur Maxime Karoutchi, a mis en exergue les différents types de chant, qui existent dans le répertoire judéo-marocain. Avec une valeur humaine et sentimentale accordée à chaque mot et inspirée de la culture andalouse, la chanson juive du Maroc à épris les cœurs des mélomanes, a-t-il fait remarquer. Evoquant les plus grands compositeurs juifs marocains, Maxime Karoutchi a indiqué que des jeunes artistes marocains ont réussi à reprendre avec fidélité ce répertoire singulier issu de la culture marocaine, dont notamment Asmaa Lamnawar, Sanaa Marahati ou encore Abir El Abad. De son côté, le chercheur et musicologue Ahmed Aydoun, a exposé l'ossature de son ouvrage qui reprend les bases de cette musique, une des composantes du mélange culturel du Maroc. Selon Ahmed Aydoun, la permanence ancestrales d'un syncrétisme judeo-arabo-berbère a permis l'aboutissement à un répertoire commun, où les confessions ont collaboré harmonieusement. La richesse du patrimoine musical judéo-marocain reste encore à découvrir. C'est un champ très vaste qui couvre des styles et des époques, et qui complète l'approche de la personnalité culturelle du Maroc, a-t-il ajouté. Lors de la table ronde autour de l'ouvrage « La musique juive du Maroc », paru aux éditions Marsam , avec le soutien du CCME, les artistes présents ont pu faire voyager les participants à travers leurs interprétations mélodieuses du répertoire judéo-marocain qui a envoûté le cœur des marocains tel que « Hak a Mama » de Zohra El Fassia ou Albert Souissa "Blitini alla yablik". Pour sa participation à la 26e édition du SIEL, le CCME a choisi le thème « Image du Maroc au-delà des frontières : réalités et représentations », afin d'approfondir la compréhension de la structure de l'image que l'autre a construite du Maroc et de ses citoyens à l'étranger et d'explorer ses fondements historiques, religieux et culturels afin d'élaborer des réponses constructives à même de reconstruire une image objective du Maroc à l'étranger basée sur la réalité de l'apport des compétences marocaines dans les pays d'accueil.