Al Qods, plateau du Golan, colonies... tels sont les concessions que veut dévoiler Donald Trump à son allié israélien dans son « plan de paix » qu'il compte rendre public avant l'arrivée mardi de Benjamin Netanyahu et de Benny Gantz. Les deux hommes politiques israéliens qui se considèrent comme les meilleurs ennemis du monde ayant tous-deux, accepté de se rendre à la Maison Blanche alors qu'ils sont en campagne en vue des élections du 2 mars. « Nous avons les deux candidats qui viennent, c'est du jamais vu », a souligné le président américain en ce jeudi 23 janvier alors qu'il se trouvait à bord d'Air Force One, en compagnie de journalistes sur le chemin du retour du forum de Davos vers Washington. Puis faisant allusion à « son plan de paix » il s'est réparti de cette phrase : « C'est un excellent plan ». Ce projet, concocté depuis le printemps 2017 dans le plus grand secret, avait été présenté en juin à Manama à Bahrein l'été dernier : 50 milliards d'investissements internationaux dans les « Territoires palestiniens » pas la Palestine et les pays arabes voisins sur dix ans. La diplomatie Trump, unilatéraliste et interventionniste, bouleversait la scène internationale en ne prenant compte que des intérêts expansionniste d'un seul camp, Israël. Ils abandonnaient du coup toute prétention à exercer une médiation entre les deux parties en conflit. C'est que depuis lurette, trois proches du président américain et du premier ministre israélien– l'ancien avocat de Donald Trump Jason Greenblatt, son gendre et conseiller, Jared Kushner, et l'ambassadeur des Etats-Unis en Israël, David Friedman ont veillé au grain et travaillé au « plan de paix » censé résoudre le conflit israélo-palestinien pour le présenter lors de « l'atelier de travail » de Manama, les 25 et 26 juin dernier. Le monde en avait ri à défaut de se révolter. Concocté par le gendre et conseiller du président Donald Trump, Jared Kushner, ce plan affiche des objectifs hors normes de par des formules volontaristes et fantaisistes en même temps, des graphiques, une pluie de dollars et de projets sans un début de financement précis avec la création. Monsieur « gendre » livrait quelques clés de sa perception du conflit de par une vision des plus tendancieuses et osée à l'israélienne on va dire. Faute de projet politique on brandissait le volet économique en mettant sur la table 50 milliards de dollars (44 milliards d'euros) d'investissements « internationaux » sur dix ans en Cisjordanie (30 % de taux de chômage) et à Gaza (50 %). Un investissement politique car il entérine l'occupation et la croissance des implantations israéliennes tout simplement. De plus ces fonds seraient gérés selon le vouloir de Trump et d'Israël par une banque de développement internationale, et non par les autorités palestiniennes, que Washington juge ouvertement « inefficaces et corrompues ». Mais comment donner une crédibilité quand toutes les initiatives précédentes avant monsieur gendre s'étaient heurtées à l'absence de liberté de circulation pour les biens et les personnes dans les territoires soumis au contrôle israélien, ainsi que le morcellement de ces territoires. Une réalité intangible à laquelle s'ajoutait la confirmation par Jared Kushner lui-même que le plan ne faisait pas référence aux « deux Etats ». Les dirigeants palestiniens, qui refusent de discuter avec l'administration Trump depuis que le président américain a reconnu Al Qods comme capitale d'Israël, ne s'y sont pas trompés et ont rejeté par avance le plan américain qui enterre la solution à deux Etats, condition sine qua non et que privilégie la communauté internationale. Comment ne pas être susceptible encore à ces velléités quand en novembre 2018, l'administration Trump votait contre une résolution de l'ONU considérant l'annexion israélienne du Golan comme « nulle et non avenue ». Avec l'Etat hébreu ils devenaient deux de par le monde à rejeter ce texte. Pire, les vivres qu'a coupées Trump aux Palestiniens s'élevaient en 2017 à plus de 350 millions de dollars.