D'une attitude joviale et décontractée, Abdellatif Ouahbi s'est présenté ce mercredi au siège du PAM pour déclarer officiellement sa candidature au poste de secrétaire général du parti. Disposant d'un programme d'ascension pour succéder à Hakim Benchamach, il propose une forme de « rupture » avec le passé de son parti. Les rapports avec l'Etat, les « instructions d'en haut », l' »anti-islamisme » comme raison d'existence du PAM, la position du parti post-4è congrès au sujet du Hirak du Rif, la métamorphose du RNI, son concurrent Mohamed Cheikh Biadillah… l'avocat et homme politique a épluché une série de questions devant les journalistes. Extraits. Sur le PAM et l'appareil de l'Etat A la fondation du PAM, et face aux difficultés et d'imposer son existence et convaincre la société du sérieux de l'idée, les fondateurs du parti, et avec eux la majorité des militants, ont quelque peu exagéré en s'appuyant sur la gestion positive de l'Etat pour faire face à la demande de démocratie. Pour beaucoup de monde, le PAM semble fonctionner sous l'autorité de l'appareil d'Etat dans toutes les questions liées à l'action politique, souligne Abdellatif Ouahbi. Nombreux sont ceux qui ont présenté l'idée selon laquelle il y a une connivence entre parti et la politique officielle de l'Etat, ajoute-t-il, notant que « certains d'entre nous ont profité de cette situation et ont commencé à agir avec une prise de décision brutale, faisant croire à leurs adversaires qu'ils disposent d'une capacité spéciale à monopoliser la décision, à trouver des solutions, et à influencer le cours des choses ». Photo Mounir Mehimdate Cette situation ambiguë avec l'Etat a été créée par les conditions de fondation du PAM, affirme le candidat au SG du tracteur. Et d'ajouter que « c'était là un péché qui a affligé notre parti tout au long d'une phase qui a atteint son paroxysme avec les exigences du printemps arabe au Maroc. Ça a causé un grand tort à notre parti, jeté du côté des ennemis de la démocratie puis tenu pour responsable, bien qu'il n'en ait jamais tenu de responsabilités dans la gestion des affaires publiques. Et c'est ce qui constitue une sorte de principal obstacle à l'enracinement du parti parmi les jeunes et les démocrates ». Biadillah, candidat des hautes sphères ? De son rival pour la chefferie du parti, Ouahbi fait noter: « Mohamed Cheikh Biadillah est un homme politique que je respecte profondément. J'ai lu dans la presse qu'il serait le candidat de certaines parties hautement placées. Si tel est le cas, je déclare vouloir faire tomber ces parties hautement placées et ainsi réussir à sa place. Je suis sûr que les militants du parti ne se soumettront pas à des supposées parties hautement placées, mais à leur conscience ». Sinon, poursuit-il, « comment expliquer que Fatima Hassani préside avec le soutien d'élus PJD une région (Tanger-Tétouan-Al Hoceima, NDLR) dont l'ex président était le Secrétaire général du PAM, et qui a consacré son entière existence à cette confrontation avec l'autre parti ? Les femmes du PAM sont fortes, et la vraie question est de savoir si elles sont avec ou contre moi ». Hirak: une position politique à prendre « Je ne sais pas ce que décideront les nouveaux appareils du parti au sujet du Hirak du Rif. On en discutera, on votera et on décidera. Mais personnellement, j'ai demandé au parlement, à Marrakech et à Tanger la libération des détenus du Rif. C'est pour moi une question de principe et je continuerai à le demander si je suis élu Secrétaire général du PAM, et demanderai au Bureau politique et aux appareils du parti d'adopter une position positive pour que ce dossier soit clos, et que les gens puisse retourner aux leurs », déclare l'avocat. Il affirme espérer que « le Roi entendra ma demande de grâce totale pour les détenus du Rif, et voila que je reformule cette demande. Il est temps de soulager nos familles dans le Rif et de dépasser les erreurs qui ont eu lieu. Et ce n'est pas parce que vous pensez que nous sommes un parti de l'Etat que je ne prendrai pas position si je constate une atteinte aux droits de l'Homme ». Photo Mounir Mehimdate Le RNI selon Ouahbi Du RNI, Ouahbi dira: « Je ne sais pas pourquoi lorsque nous expliquons que nous n'avons pas d'animosité envers le PJD, vous rebondissez sur le RNI. Il n'est pas de notre destinée de vivre selon une lutte avec un parti ou sur une allégation à un autre parti. La seule chose que je demande au RNI, c'est de nous laisser tranquille. Le parti qui s'est traditionnellement opposé à nous (le PJD, NDLR) a tenu ses distances, et voila qu'on nous interroge sur un autre parti que nous considérons comme ami ». Et de lancer un appel: « Nous sommes opposés au RNI car il fait partie de la majorité gouvernementale, tout comme le PJD. Nous apprenons des expériences du RNI car nous ne voulons pas commettre ses erreurs. Qu'ils soient proches ou loin du PJD nous est égal. Mais ce que je n'accepte pas, c'est que le RNI se lance dans une piraterie politique sur les militants du PAM. Nous ne sommes pas là pour nous échanger comme des équipes de football. Je respecte M. Akhannouch à une seule condition, non pas de nous respecter en retour, mais de mettre ce respect en pratique. J'appelle donc le RNI à créer une distance entre nous deux car c'est dans notre intérêt mutuel ».