L'élection d'Abdellatif Ouahbi à la tête du PAM peut marquer l'histoire des relations entre le Tracteur et le PJD compte tenue des relations entre le nouveau secrétaire général et les leaders de la Lampe. Encore faut-il que les conditions au sein même du PAM permettent un rapprochement avec le parti au pouvoir. Décryptage. Les militants du Parti de l'authenticité et de la modernité (PAM) ont élu, dimanche à El Jaddia, Abdellatif Ouahbi comme nouveau secrétaire général pour succéder à Hakim Benchamach. Une élection qui fait suite au retrait des autres prétendants pour le poste, à l'instar de Mohamed Cheikh Biadillah. A la presse présente au quatrième congrès du Tracteur, Abdellatif Ouahbi a commenté le «rapprochement» entre sa formation politique et le Parti de la justice et du développement (PJD). «Il n'y a pas de lignes rouges ou blanches dans les relations du parti avec les acteurs politiques», a-t-il lancé. Et de noter qu'il n'y a pas d'«hostilité en politique», en assurant que le PAM reste «parti ordinaire» comme toutes les autres formations politiques marocaines. L'élection du député parlementaire et avocat du barreau de Rabat à la tête du PAM aurait même fait l'objet de «félicitations» de la part de leaders du PJD, comme le rapporte Al3omk. L'idéologie n'est plus un élément déterminant Le rapprochement entre le Tracteur et la Lampe a débuté bien avant l'élection d'Ouahbi à la tête du PAM. A Tanger puis à Marrakech, des élus des deux formations politiques avaient fait front commun. Reste à savoir si ce rapprochement durera jusqu'aux prochaines élections de 2021. Pour le politologue et professeur à l'Université Cadi Ayyad de Marrakech, Abderrahim Elalam, «la relation entre le PJD et le PAM irait vers l'amélioration et le développement si Abdelilah Benkirane retourne au secrétariat général du PJD». «Les divergences entre les deux partis ne sont plus présentes, car le PAM n'a plus de problème avec le PJD mais plutôt avec le RNI qui est devenu son rival», ajoute-t-il. «Lors des prochaines élections, il n'y a pas de perception concernant les lignes rouges, que ce soit dans l'alliance ou la non-alliance, contrairement à ce qui était le cas lors des élections précédentes, où nous nous attendions à ce que les deux formations ne s'allient pas.» Abderrahim Elalam Le professeur à l'Université Cadi Ayyad de Marrakech estime que «vu la situation actuelle, on ne peut pas parler d'alliances car on ne fait plus beaucoup de distinction entre les partis politiques marocains». «Ils sont devenus similaires : Ils font preuve de concurrence et mais ils sont tous les mêmes», ajoute-t-il. «L'idéologie n'est plus intensive entre les factions et de nombreux différends sont générés en dehors du travail gouvernemental et des partis politiques», conclut Abderrahim Elalam. Ouahbi maintiendrait-il ses mêmes positions ? Pour sa part, Ahmed El Bouz, professeur de science politique à l'Université Mohammed V de Rabat, a estimé que l'élection d'Ouahbi «donne en soi une indication d'un rapprochement ou d'un nouveau type de relations avec le PJD» «Ouahbi a exprimé, à plusieurs reprises, ce choix», ajoute-t-il. Mais le politologue s'interroge toutefois si «Ouahbi au sein de l'opposition au PAM resterait le même» à la tête du Tracteur. «Ne sera-t-il pas obligé de prendre en compte certains équilibres au sein de son parti, et certaines voix qui s'opposent encore à toute alliance avec le PJD ?», se demande-t-il encore. «Peut-on parler du PAM comme s'il s'agissait d'un parti dont les choix restent purement internes ? (...) Ne sera-t-il pas soumis à des décisions extérieures ?» Ahmed El Bouz Notre interlocuteur n'écarte pas la possibilité que le PAM se considère comme «l'alternative attendue au PJD» en 2021. «Il doit, dans ce cas, prendre ses distances avec le PJD, en mettant en avant ses positions et ses choix», explique-t-il. Et de préciser qu'à elle seule, l'élection d'Abdellatif Ouahbi à la tête du Tracteur reste insuffisante pour déterminer la nature de la relation supposée avec ses rivaux, et en particulier le PJD. Encore faut-il, selon lui, savoir dans «quelle mesure Ouahbi est capable d'influencer le cours des événements au sein du PAM afin de le pousser à une sorte de flexibilité dans sa relation avec le PJD». «Le nouveau secrétaire général du PAM peut avoir besoin de l'unité du parti et faire des concessions politiques aux autres courants qui ne bénissent pas une alliance avec le PJD», conclut Ahmed El Bouz.