Le décrochage scolaire au Royaume reste un fléau qui paralyse la scolarisation de milliers d'enfants et de jeunes tant en milieu urbain que rural. C'est même l'un des défis majeurs des politiques du pays mais aussi de toutes les nations, puisque cet abandon prive les jeunes de leur droit à une éducation équitable et de qualité leur permettant de s'inscrire dans le processus de développement. Selon le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS), qui a publié en décembre 2019 son rapport annuel sur ce fléau, 431.876 élèves ont abandonné les cycles de l'enseignement scolaire public en 2018 sans avoir de diplôme ou de certification, dont 78% l'ont été aux cycles primaires et collégial. Des cycles qui sont censés retenir les enfants en classe au moins jusqu'à l'âge de 15 ans. Toutefois, le CSEFRS souligne qu'il « ne serait pas juste de nier les efforts et les dispositifs mis en place par l'Etat pour réduire les déperditions dans le système éducatif et en particulier dans les cycles d'enseignement obligatoire » avec notamment des programmes variés d'appui social comme la cantine, les bourses, internats, ainsi que le programme Tayssir, notant que « les pouvoirs publics essaient tant bien que mal de réduire l'abandon en améliorant les conditions d'apprentissage des élèves des milieux défavorisés ». Mais l'effet de ces programmes reste limité, poursuit le rapport, et le problème de ciblage actuel associé à ces dispositifs ne permet pas toujours d'atteindre les groupes les plus à risque d'abandon du moment que ce ciblage se base sur des critères de niveau communal et non individuel. En effet, le conseil supérieur de l'éducation a révélé dans son rapport que «des régions comme Casablanca-Settat ou Rabat-Salé-Kénitra qu'on croyait moins touchées par l'abandon, affichent au contraire des taux d'abandon très élevés». Programme « Tayssir » Ainsi, l'académie régionale de l'enseignement et de la formation (AREF) de Rabat-Salé-Kénitra en cette fin de semaine, son bilan 2019 ainsi que ses perspectives pour l'année 2020. L'Académie, qui bénéficie au titre de 2020 d'un budget de 1,9 milliard de DH pour l'année 2020, en hausse de 10% par rapport à 2019, a fait savoir que le nombre d'élèves inscrits dans le programme « Tayssir » en 2019 s'élève à 286.933 étudiants, en hausse de 173,62%. Pour rappel, le programme « Tayssir » du ministère de l'éducation nationale, et qui intervient en application des orientations royales pour donner une forte impulsion aux programmes de soutien scolaire et lutter contre la déperdition scolaire, vise à englober les familles de tous les élèves du cycle primaire dans le milieu rural et les élèves du cycle secondaire-collégial dans les milieux rural et urbain. Dans les détails, ce sont 23.080 étudiants qui se sont inscrits dans ledit programme à Salé, 17.445 à Sekhirat et Temara, 5.355 à Rabat, 67.197 à Sidi Kacem, 36.283 à Sidi Slimane, 99.294 à Kénitra et 38.279 à Khémissat, tandis que le nombre de familles enregistrées dans le même programme s'élève à 194.191 familles en 2018-2019 contre 67.757 un an auparavant, soit une hausse de 186%. L'école de la deuxième chance L'AREF de Rabat a également livré son bilan concernant « l'école de la deuxième chance ». Une initiative qui a pour objectif d'assurer aux jeunes-enfants de 12 à 20 ans non scolarisés ou déscolarisés cherchant la mise à niveau et des formations professionnelles dans différents métiers dans le but de réussir leur insertion socio-économique. Ainsi, l'Académie de Rabat a révélé que le nombre de « centres de la deuxième chance » construits et aménagés dans sa région en 2019 s'élève à 9 avec 560 étudiants inscrits, et avec la collaboration de 9 associations et ONG partenaires. Pour ce qui est de la « caravane de récupération des non-scolarisés et des déscolarisés » l'AREF de Rabat a fait savoir que dans sa région, 1286 enfants ont récupéré leur place sur les bancs de l'école primaire, dont 625 filles. Pour le collège, ce sont 2.291 élèves qui ont été récupérés, dont 675 filles tandis qu'au lycée le nombre s'élève à 579, dont 232 filles. Quand est-il de l'internat et la cantine ? En milieu rural, le directeur de l'AREF de Rabat, Mohamed Aderdour, a fait savoir que 10.715 étudiants (es) bénéficient aujourd'hui de l'internat avec une augmentation de 6,34% dont 50% sont des filles. Dans les détails, 1.106 étudiants (e) à Sidi Slimane ont bénéficié de l'internat, 201 à Rabat, 288 à Skhirat, 812 à Salé, 2.187 à Sidi Kacem, 2.765 à Kénitra et 3.356 à Khemissat. En ce qui concerne la cantine, le bilan de l'AREF de Rabat montre que 124.480 étudiants (es) ont bénéficié d'un complément alimentaire dans les établissements primaires, dont 50.36% sont des filles et 92.72% en milieu rural. Pour les bénéficiaires du déjeuner à l'école, ils se comptent à quelque 6.080 étudiants, dont 46.96% de filles et 5.573 en milieu rural, dont 91,66%. Pour le transport scolaire, les établissements relevant de l'AREF à Rabat comptent 181 véhicules, 4.088 à Salé, 634 à Skhirat et Temara, 3.148 à Khemissat, 6.186 à Kénitra, 10.353 à Sidi Kacem et 2.164 à Sidi Slimane. Mohamed Aderdour a fait savoir dans ce sens que 54 véhicules ont été ajoutés au parc des transports scolaires dans la région de Rabat-Salé-Kénitra. Le nombre de bénéficiaires s'élève ainsi à 26.754 avec une hausse de 36.59%, a-t-il ajouté, dont 48,27% de filles, et 80,61% en milieu rural.