L'arrestation et l'attente, du procès du journaliste Omar Radi, continuent de susciter la polémique. Hier, 30 décembre, lors de la session des questions orales adressées par les députés de la première Chambre au Chef du gouvernement, deux élus ont évoqué l'affaire : Abdellatif Ouahbi du Parti Authenticité et Modernité (PAM), et Omar Blafrej de la Fédération de la Gauche Démocratique (FGD). Tous deux ont appelé à la libération du journaliste, actuellement poursuivi pour une publication sur Twitter, ainsi que de celle de tous les détenus d'opinion au Maroc. Abdellatif Ouahbi n'y est pas allée de main morte, en formulant une demande urgente pour prendre la parole à l'issue de la séance plénière hebdomadaire, consacrée aux questions orales. Il a déclaré que son intervention concerne « le recul en matière de droits humains et de liberté ». Sa prise de parole n'a été suivie par aucune réponse d'un responsable gouvernemental. De son côté, le député FGD, Omar Balafrej, a profité de sa montée à l'estrade dans le cadre de son temps de parole pour les questions orales adressées au Chef du gouvernement pour rappeler une proposition de loi qu'il a déposée il y a 18 mois à la Chambre des représentants. Portant sur « l'amnistie générale des détenus du Rif et des autres mouvements sociaux », Omar Balafrej y explique qu'une amnistie est du ressort du parlement et du gouvernement, conformément à l'Article 71 de la Constitution « Ne voyez-vous pas, comme nous le voyons, qu'il faudrait une détente politique dans ce pays ? Il est temps de discuter cette amnistie générale en ajoutant, et malheureusement, en actualisant cette proposition pour ajouter de nombreux militants dont le dernier est Omar Radi », a estimé le député. Une intervention qui n'a également pas été suivie d'une réponse du gouvernement. Suite à l'arrestation du journaliste Omar Radi, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a envoyé une correspondance au Chef du gouvernement en demandant sa libération « immédiate et sans conditions », en tant que détenu d'opinion. Il est en effet poursuivi en état d'arrestation pour « insulte à une décision judiciaire » et « insulte à un fonctionnaire », en raison d'un tweet publié en avril 2019 suite à la confirmation en appel des jugements prononcés en première instance contre les détenus du Hirak du Rif. Le Chef du gouvernement Saâd-Eddine El Othmani a répondu à cette correspondance avec l'ONG américaine en expliquant qu'« il n'avait rien à voir avec l'arrestation du journaliste Omar Radi », et que « l'affaire concerne le pouvoir judiciaire indépendant du gouvernement ».