L'état de santé des journalistes, Omar Radi et Soulaimane Raissouni, détenus pour deux affaires différentes depuis plus d'un an, inquiète. Après la pétition signée par plus de 100 journalistes pour la libération des deux journalistes et le sit-in tenu devant le Parlement il y a quelques jours, c'est au tour du député de la Fédération de la gauche démocratique (FGD), Mostafa Chanaoui, d'adresser une question écrite au chef du gouvernement, Saad Eddine El Otmani, pour l'interpeller sur l'état de santé alarmant des deux grévistes de la faim. En effet, l'ex-rédacteur en chef d'Akhbar Al Yaoum, Soulaiman Raissouni, a décidé dans la semaine du 10 avril d'entamer une grève de la faim depuis la prison d'Oukacha à Casablanca où il est incarcéré depuis mai 2020, avant d'annoncer une grève de l'eau également. Son confrère Omar Radi, détenu à la même prison depuis juillet 2020, l'a suivi dans sa démarche comme annoncé par sa famille. La cause de cette protestation est le refus de donner suite à l'une des revendications phares de ces deux journalistes, à savoir leur poursuite en état de liberté vu qu'ils répondent à l'ensemble des critères pour bénéficier de cette mesure. « L'opinion publique nationale suit avec beaucoup d'inquiétude et de colère l'état de santé des deux journalistes détenus, Omar Radhi et Suleiman Raissouni, qui affiche une détérioration suite à la grève de la faim qu'ils ont entamée depuis quelques jours à l'intérieur de la prison, et ce, pour protester contre leur arrestation pour avoir exprimé leur opinion, mais aussi pour protester contre les conditions de détention, les restrictions et l'isolement auxquels ils sont exposés », a écrit Chanaoui dans sa question écrite. Tout en insistant sur l'état de santé des journalistes qui se détériore de jour en jour, le député de gauche a ponté du doigt le manque de réactivité du chef du gouvernement dans cette affaire, alors qu'il est à la tête de toutes les institutions impliquées, notamment la Direction générale de l'administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR). «Et vous Mr. le Chef de gouvernement, vous ne bougez pas un doigt, comme si la situation était devenue normale, ne bouge rien en vous et ne vous pousse pas à assumer vos responsabilités en travaillant par tous les moyens pour arrêter la tragédie et protéger leur droit à la vie, et travailler de toutes les manières pour mettre fin à leur (Omar et Raissouni) détention et les libérer. Parce qu'ils n'ont fait qu'exercer leur droit en tant que journalistes en exprimant leur opinion, garanti par la constitution et les conventions internationales », a expliqué Chanaoui dans sa question. Le député de la FGD poursuit ainsi qu'il ne «tolère pas» son «indifférence» vis-à-vis des souffrances des détenus et leur vie. « La Constitution n'insiste-t-elle pas sur un premier droit qui est le droit à la vie », demande Chanaoui au chef du gouvernement. «Vous êtes le chef du gouvernement, et tous les ministères concernés par le sujet sont sous votre tutelle, notamment la DGAPR, qui est également sous votre tutelle et vous n'avez rien fait. Attendez-vous que la catastrophe, que nous craignons, se produise ?», s'interroge encore le député de la gauche. Pour conclure, Mostafa Chanaoui a interpellé El Otmani sur les mesures urgentes qu'il compte prendre rapidement pour sauver la vie des détenus grévistes et éviter la catastrophe, tout en travaillant sur leur libération pour remettre les choses à leur place. Il convient de rappeler que le journaliste Omar Radi est accusé de « financements étrangers, d'atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat » de « viol« . Il s'agit de deux affaires jugées conjointement par la chambre criminelle de la cour d'appel de Casablanca. Omar a toujours nié les faits qui lui sont reprochés. Sa défense a récemment demandé à ce qu'il soit remis en liberté provisoire et puisse accéder ainsi à son dossier. Mais cette requête a été malheureusement refusée pour la énième fois. Pour l'ex-rédacteur d'Akhbar Al Yaoum, Soulaiman Raissouni, il est poursuivi sous le chef d'inculpation de « viol avec violence et séquestration ». Plusieurs militants des droits de l'homme et ONG ont appelé à la libération immédiate des deux journalistes pour les poursuivre en état de liberté vu qu'ils répondent à l'ensemble des critères pour bénéficier de cette mesure, tout en leur permettant de bénéficier aussi d'un procès équitable.