Le Premier ministre français Edouard Philippe a dévoilé mercredi 11 décembre, les contours de la nouvelle réforme ainsi que les compromis que le gouvernement est prêt à opérer pour faire passer le projet de loi sans douleur. Son intervention très attendue se passe au moment où les syndicats entrent dans leur 7ème jour de grève nationale. Plusieurs secteurs restaient mercredi paralysés à cause du rejet de cette réforme des retraites. Edouard Philippe a présenté dans un discours les détails de son projet de retraite sous un système dit « universel ». « Le temps est venu de construire un système universel de retraites« , a-t-il lancé. « Nous proposons un nouveau pacte entre les générations, un pacte fidèle dans son esprit à celui que le Conseil national de la Résistance a imaginé et mis en oeuvre après-guerre », a-t-il poursuivi, affirmant avoir « écouté » et « entendu » les partenaires sociaux et l'ensemble des Français. « Cette réforme n'est pas une bataille« , a-t-il tenu à déclarer mais « nous mettrons fin aux régimes spéciaux« . Selon lui, « il n'y a pas d'agenda caché, nous ne cherchons pas de petites économies« , et tous les Français auront « le même niveau de cotisation » sur « la totalité des revenus jusqu'à 120.000 euros ». Et d'ajouter que les partenaires sociaux fixeront la valeur du point « sous le contrôle du Parlement », une « règle d'or » pour que la valeur du point ne puisse pas baisser. Le chef de l'exécutif a continué en affirmant que l'ambition de son gouvernement est une « ambition de justice sociale, nous ne voulons léser personne.Il n'y aura ni vainqueur ni vaincu », ajoutant par ailleurs que ce seront les femmes qui seront les plus gagnantes dans cette réforme puisqu'elle gagneront des points dès leur premier enfant. « Le système universel prévoira de compenser la maternité à 100 % et en accordant des points supplémentaires dès le premier enfant et non le 3e comme aujourd'hui« , a-t-il dit; notant que ce projet de loi, prévoit par ailleurs une majoration pour « les parents de familles nombreuses« . Concernant les riches, le Premier ministre a déclaré que « les plus riches paieront une cotisation de solidarité plus élevée qu'aujourd'hui« . « La loi prévoira une règle d'or pour que la valeur du point acquis ne puisse pas baisser » avec « une indexation non pas sur les prix mais sur les salaires qui dans notre pays augmentent plus vite. La seule solution est de travailler un peu plus longtemps« , toutefois « l'âge légal de départ ne changera pas. Ce sera toujours 62 ans », et ceux qui auront commencé à travailler plus tôt, avant 20 ans pourront partir à la retraite deux ans avant, a-t-il déclaré. Edouard Philippe intervient dans un contexte très difficile. En effet, la France est presque à l'arrêt surtout en île de France où le trafic connait des pics jamais égalés, avec les lignes de métro fermées, des écoles et crèches observant elles aussi des grèves, pareil pour des raffineries. Mercredi 15.5% des cheminots étaient en grève, près des trois quarts des conducteurs, a annoncé la direction de la SNCF. Hier, le Premier ministre avait affirmé devant les députés LREM qu'il n'y aurais pas « d'annonces magiques » qui pourront faire « cesser les manifestations » et « les questions » des Français sur la réforme des retraites. « Ce n'est pas parce que je fais un discours (mercredi midi) que les manifestations vont cesser. Ce discours va même susciter de nouvelles questions. Et c'est normal. Il y aura des questions et il y aura des débats dans l'hémicycle sur des sujets légitimes« , a-t-il lancé lors d'une réunion à huis clos au cours de laquelle il a révélé les détails du projet.