La Chambre américaine des représentants appelle à imposer des sanctions à la Chine en raison des internements de musulmans ouïghours au Xinjiang. Les députés américains à leur grande majorité ont approuvé mardi un projet de loi en ce sens. Pékin a dit, aussitôt le vote passé, « sa vive indignation » quoique le texte doit encore, être examiné au Sénat où il devrait passer comme une lettre à la poste. Ce dernier à majorité républicaine a, pour sa part, salué le vote de la Chambre et déclaré avoir « hâte » de travailler avec les sénateurs pour que cette proposition « soit adoptée et envoyée au président ». Donald Trump aura alors tout le loisir de le promulguer ou pas. La présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, avait déclaré avant le vote : « Nous envoyons un message à Pékin : l'Amérique observe et ne restera pas silencieuse. Aujourd'hui, la dignité et les droits de l'homme des Ouïghours sont menacés par les actes barbares de Pékin, qui sont une insulte à la conscience collective mondiale ». Faut croire qu'elle a été largement entendue dans l'hémicycle puisque, c'est avec une écrasante majorité que le projet de loi visant des sanctions a été voté, aussi bien par les élus démocrates que républicains. Les relations entre les Etats-Unis et la Chine, sont extrêmement tendues ces derniers temps et on assiste à une escalade des tensions. Déjà la semaine dernière, Pékin avait rétorqué à la ratification par Donald Trump de une loi conditionnant les relations commerciales avec Hong Kong à la situation des droits de l'homme, en imposant à son tour une série de mesures de rétorsion en guise de sanctions aux Etats-Unis. En octobre, les Etats-Unis avaient déjà « blacklisté » une trentaine d'organisations gouvernementales et commerciales chinoises dont des sociétés de vidéosurveillance, impliquées dans le nettoyage ethnique de cette région à majorité musulmane. Ce bras de fer semble cette fois dériver pour s'étendre aux questions de droits de l'homme au Xinjiang, où la minorité ouïgoure subit une répression sans précédent des autorités chinoises. Pékin dans un communiqué a qualifié le projet de loi de « calomnie ». La chine a appelé la Chambre des représentants « corriger son erreur » et ne pas « s'immiscer dans les affaires intérieures chinoises ». Le projet de loi américain « calomnie de façon arbitraire les efforts de la Chine en matière de déradicalisation et de lutte antiterroriste », a indiqué Hua Chunying, une porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères. « La Chine répliquera en fonction de l'évolution de la situation ». On le voit le ton monte de part et d'autre. Dans son désir de briser le silence sur la question des droits de l'Homme les Etats-Unis sont donc passés à la contre-offensive. Le projet de loi américaine exhorte en outre le département d'Etat à établir un rapport sur la situation dans la région, et le département du commerce à interdire certaines exportations, notamment celles de matériels pouvant aider aux systèmes de reconnaissance faciale.