Au quarantième mardi de la contestation les étudiants mais aussi les citoyens algériens n'ont pas failli. Ils ont une fois de plus manifesté comme à l'accoutumée depuis février dernier aussi bien à Alger que dans les autres villes et wilayas universitaires d'Algérie. Ils ont marché dans les rues d'Alger ou d'ailleurs pour afficher leur hostilité à la tenue de l'élection présidentielle du 12 décembre. A Constantine, depuis samedi, les étudiants tiennent un rassemblement au quotidien, à partir de 16 heures, devant le palais de la Culture El Khalifa, au centre-ville. Cet engagement ils l'honorent depuis que la décision d'occuper le terrain tout le long de la semaine a été prise et ce en dépit d'une météo peu clémente et d'un dispositif sécuritaire déployé en force. Et cette détermination, a porté ses fruits puisqu'à chaque jour que Dieu fait c'est plus de monde et de soutien à la cause estudiantine et du Hirak. Alger est révélatrice à plus d'un titre de ce Hirak en Algérie. Les milliers d'étudiants et de manifestants citoyens ont défilé dans les rues comme à l'accoutumée bravant la météo et brandissant les pancartes aux slogans hostiles au pouvoir qui se veulent rassembleur et contre le régime en place en scandant les habituelles formules courtes du Hirak pour exprimer leur ressentiment envers la classe dirigeante (Etat civil et non militaire, pas d'élections, Algérie libre et démocratique ainsi que le fameux « dégage » à l'endroit de chacun des candidats). Pour sa part, le général de corps d'Armée, chef d'état-major de l'ANP et vice-ministre de la Défense d'Algérie en a eu pour ses frais pour ses vives encouragements et incitations à aller voter. « Faire barrage au vote est un devoir national et celui qui vote est un traître national ». Par ailleurs, la France par la voix de son ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a estimé mardi que la solution en Algérie, théâtre d'un mouvement de contestation contre le pouvoir depuis dix mois, réside dans « le dialogue démocratique » et le respect de la liberté de manifester. « La solution, c'est le dialogue démocratique dans lequel chacun puisse exprimer sans crainte ses opinions », a ajouté le ministre dans une interview accordée au quotidien régional La Provence. Déplorant l'arbitraire des arrestations à l'encontre du Hirak il a également souligné « Le seul souhait de la France, c'est que les Algériens trouvent ensemble le chemin d'une transition démocratique ». L'Union Européenne est de son côté, également préoccupée par la situation en Algérie aussi, elle l'a épinglée pour un débat au sein du Parlement européen. Une inscription, on s'en doute, qui n'est du goût de la classe dirigeante qui a eu vite fait de réagir. Le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, Hassan Rabehi, a tenu à faire savoir que « l'Algérie rappelait que ses relations avec l'Union européenne sont « stratégiques » et ne peuvent être remises en cause par « de simples parlementaires ». « L'Algérie s'attache au principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays, tout comme elle n'admet pas, en tant qu'institutions et peuple à ce qu'il puisse avoir une interférence dans ses affaires intérieures ».