Une alliance « contre-nature » est en train de voir le jour. Alors que le Parti authenticité et modernité (PAM) est l'ennemi juré du Parti de la justice et du développement (PJD) depuis près d'une décennie, le parti de la Lampe laisse sous-entendre une probable alliance avec le parti du tracteur lors des élections 2021. En effet, ce qui était à l'époque « une ligne rouge » à ne pas franchir du côté du PJD, voire même du PAM, est devenu aujourd'hui, semble-t-il, « une ligne verte». Cela est dû en grande partie au départ d'Ilyass El Omari du secrétariat général du PAM et du conseil de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, où il a fini par jeter l'éponge après que l'ensemble des membres du conseil (USFP, MP, RNI, PPS, outre le PAM) l'aient totalement lâché. Une raison très valable pour le PJD, majoritaire au sein du conseil de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, de voter pour Fatima El Hassani (PAM), lors de la course à la présidence dudit conseil, après le retrait du Pjdiste Said Khairoune. Un vote qui a été perçu comme une alliance entre les deux clans, et que plusieurs figures du PJD ont justifiée comme étant une alliance « stratégique » dans l'intérêt de la nation. Même son de cloche du côté d'Abdelhamid Benkhattab qui a déclaré à Hespress Fr, qu'il s'agit « d'une alliance sectorielle qui n'est pas une alliance nationale. Nous ne sommes pas encore devant une alliance entre le PJD et le PAM. Donc c'est une alliance qui s'est faite à un niveau régional et territorial». Toutefois, poursuit notre interlocuteur, « c'est une alliance qui ouvre la voie vers des potentialités d'une alliance prochaine électorale entre ses deux partis. D'ailleurs, j'avais toujours estimé que rien n'empêchait ces deux partis à faire une alliance électorale ». En effet, selon cet expert en sociopolitique, « nous sommes devant deux partis que l'on peut qualifier de partis de centre-droite, donc, et le PJD et le PAM, sont des partis de droite, mais qui se positionnent plus au centre qu'à droite. Et justement, ils ont un référentiel politique et un programme politique assez souple pour permettre une alliance de toute forme, avec n'importe quel autre parti ». Partant d'un point de vue politique,relève Benkhattab, « rien n'empêche cette alliance. Il n'y a pas d'incompatibilité politique entre ces deux partis au sens propre du terme. Et puis, depuis un certain temps, on a assisté à une certaine crise au sein du PAM qui va le transformer d'un parti hégémonique vers un parti normal, national qui peut facilement avoir des relations normales avec les autres partis ». Divergence personnelle plutôt que politique En effet, notre interlocuteur estime que le PAM « n'est plus dans une position hégémonique comme il l'a été jusqu'à présent ». Sur cette base-là, poursuit-il, « le PJD ne voit aucun inconvénient à ce qu'il y ait une alliance entre lui et le PAM, d'autant plus que, les vrais problèmes entre le PAM et le PJD étaient surtout des problèmes d'ordre personnel, plutôt que d'ordre politique et idéologique ». Interrogé sur ce point, à savoir que les conflits étaient plus d'ordre idéologique vu le côté conservateur et islamique du PJD, redouté par plusieurs partis notamment le PAM, l'analyste nous fait savoir dans ce sens que « le seul obstacle qui peut se dresser contre une alliance avec le PJD c'est l'opposition à l'islam et à l'arabité. Alors qu'au Maroc, aucun parti ne s'oppose ouvertement à ces deux principes fondamentaux de la vie politique au Maroc ». Ainsi, le PAM, poursuit-il, « n'a pas de position tranchée contre la langue arabe, et n'a pas non plus une position tranchée en ce qui concerne son rapport à l'islam et à la religion dans la sphère publique. Sur cette base-là, tout est possible, à partir du moment où les lignes rouges ne sont pas franchies, tout est possible ». « C'est toujours comme ça, et surtout au Maroc », souligne Benkhattab, notant qu' »à partir du moment où un parti politique arrive à se positionner dans l'échiquier politique, il devient tout simplement un parti potentiellement capable de s'allier avec n'importe quel autre parti, puisqu'ils ont tous presque les mêmes programmes politiques ». En fait, explicite encore notre interlocuteur, le problème ne se osait pas littéralement entre le PJD et le PAM, mais « surtout entre Ilyass El Omari et un certain nombre de leaders du PJD. On a bien vu, que, une fois Ilyass El Omari parti, tout le monde crie maintenant haut et fort la disposition de la lampe à s'allier au tracteur. Il y a eu Abdellah Bouanou, Souleymane El Amrani ou encore Aziz Rabbah, qui ont tous affirmé qu'il n'y a aucune incompatibilité entre le PJD et le PAM et qu'une alliance lors des élections de 2021 reste possible ». En quelque sort, nous dit-il, « les dirigeants du PJD ont en quelque sorte laissé entendre » que Ilyass El Omari représentait l'obstacle n°1 contre toute alliance PJD/PAM.