Le troisième Congrès national du Parti authenticité et modernité (PAM) a eu lieu du 22 au 24 janvier à Bouznika, sous le signe : «Maroc des régions : une implication consciente et responsable». Propulsé Secrétaire général du parti du tracteur, Ilyas El Omari s'annonce comme un sérieux rival au chef du Parti de la justice et du développement (PJD), à quelques mois des nouvelles législatives. Le suspense n'aura pas duré longtemps. Candidat unique à la tête du PAM, Ilyas El Omari a finalement été élu à l'unanimité, succédant ainsi à Mustapha Bakkoury. L'enfant du Rif sort de l'ombre et prend les rênes d'un parti qui, malgré son jeune âge, a su s'imposer comme l'une des forces politiques majeures du Maroc d'aujourd'hui. Jusqu'ici toujours numéro deux, Ilyas El Omary, presque la cinquantaine, natif du village d'Amenoud près d'Al-Hoceima, est aujourd'hui propulsé Secrétaire général du parti du tracteur. Son élection a toute son importance quand on sait qu'elle intervient à moins d'un an des législatives 2016. Celles-ci devraient avoir lieu durant la première semaine du mois d'octobre, à en croire les informations ayant filtré de la rencontre de Benkirane avec les hauts cadres du PJD. Fort de la confiance placée en lui par les membres fraîchement élus du Conseil national du PAM, El Omari se profile comme un sérieux rival face à son ennemi politique numéro un, le Secrétaire général du PJD et actuel Chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane. Ce dernier, quoiqu'il était invité, s'est distingué par son absence et c'est Lahcen Daoudi, le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres, qui a représenté le PJD au troisième Congrès national du PAM, tenu du 22 au 24 janvier à Bouznika. Le parlement du PAM a vu en Ilyas l'homme de la situation, le plus à même de diriger le parti et de conduire le tracteur à collecter un maximum de voix lors du prochain scrutin législatif. Le ton est souvent monté entre Benkirane et Ilyas El Omary, chacun accusant l'autre de tous les maux. Le PAM a fait de la confrontation avec le PJD l'une des priorités de son existence. Toute alliance avec le parti de la lampe était considérée comme une ligne rouge à ne pas franchir (et vice versa). Mais El Omari a tenu à mettre les points sur les i lors d'un point de presse organisé à l'issue de son élection. «Nous n'avons aucun problème avec les partis qui fonctionnent dans le cadre de la loi. Nous oeuvrons pour ce pays et cette nation nous réunit. Nous refusons la privatisation de tout ce qui est commun, notamment la religion. Nous allons défendre la religion et non pas la pensée religieuse», a-t-il affirmé, tout en s'engageant à ne plus polémiquer sur des questions personnelles ou privées en rapport avec le Chef de gouvernement. Au-delà de l'élection de Ilyas El Omari, qui n'a d'ailleurs rien de surprenant, ou encore celle de l'Ex-maire de Marrakech, Fatima-Ezzahra Mansouri, à la tête du Conseil national, l'un des moments forts du Congrès fut ce débat très attendu autour du référentiel idéologique de ce parti encore en quête d'identité. Le nouveau SG a voulu trancher sur cette question en précisant que sa formation se positionne au «centre gauche», qui adopte l'essence sociale de la pensée socialiste, privilégiant le monopole de l'Etat sur les prestations sociales, conjugué à l'esprit démocratique de la pensée libérale qui se base sur l'approche participative. Des mots et des concepts qui n'auront de sens qu'une fois déclinés en programmes électoraux, sinon en programmes gouvernementaux, avec ses partis alliés. «Nous travaillerons de concert avec les partenaires avec lesquels nous partageons une convergence intellectuelle afin de participer et contribuer à la construction et au développement du pays, tout en affichant notre total respect à ceux-là même qui ne partagent pas notre idéologie», précise El Omari sans afficher des prétentions démesurées. «Le PAM oeuvre à occuper la position qu'il mérite», dit-il. Une chose est néanmoins presque sûre : si le PAM remporte les législatives de 2016, ce sera lui, Ilyas El Omari, qui présiderait aux destinées du futur gouvernement. L'ascension fulgurante d'un enfant du Rif «L'élection de I. El Omari à la tête du Secrétariat général témoigne de la considération dont il jouit auprès des membres du PAM, eu égard à son parcours politique et à son engagement ferme pour la défense des principes et des valeurs du parti», peut-on lire dans le message Royal de félicitations adressé à El Omari à l'occasion de son élection en tant que SG du PAM. Président du Conseil de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, El Omari a adhéré, dès son jeune âge, au mouvement estudiantin et à l'action politique au sein de la gauche marocaine. Il est l'un des membres de l'Instance Equité et Réconciliation, de même qu'il a adhéré à l'association «Arid», créée en 2004 au lendemain du séisme d'Al Hoceima. Le nouveau SG du PAM a occupé également plusieurs postes, dont ceux de membre de l'Institut royal de la culture amazighe en juillet 2002, puis de la Haute autorité de la communication audiovisuelle en 2003. Il a été aussi parmi les fondateurs du «Mouvement de tous les démocrates» en 2008, puis du PAM en 2009.