Moulay Abba Bouzid et Fadel Mohamed Breica, et le journaliste Mahmoud Zeidan, trois dissidents du polisario, arrêtés entre le 17 et le 19 juin dernier, ont finalement été libérés dimanche sous la pression internationale exercée sur le front séparatiste. Les trois activistes avaient été arrêtés pour « trahison envers la nation, actes d'agression contre l'Etat sahraoui, sédition, vandalisme, diffamation et calomnie« , alors que leur seul crime, tel que démontré par Human Rights Watch, était de s'opposer à la machine répressive du polisario. Après avoir longtemps nié tout rapport avec leur disparition, le front avait fini, par le biais de son représentant auprès des Nations Unies à New York, par reconnaître, dans un courrier électronique adressé le 15 juillet à HRW, que « les accusés sont toujours en détention préventive et font l'objet d'une enquête judiciaire [pour des accusations comprenant] trahison envers la nation, actes d'agression contre l'Etat sahraoui, sédition, vandalisme, diffamation et calomnie« . Des faits qui ne seront jamais clairement établis, ni aucune preuve apportée pour les étayer. Pendant les cinq mois de leur détention arbitraire, les militants n'ont cessé, lors des rares visites « sous haute surveillance » qu'ils étaient autorisés à recevoir, de dénoncer « des conditions inhumaines et un traitement dégradant« . A ce propos Breica, qui détient également la nationalité espagnole, avait fait savoir qu' »était interrogé par intermittences pendant neuf jours dans un lieu de détention maintenu secret, interrogatoires pendant lesquels il était constamment menotté, avec les yeux bandés« . La même version avait été livrée par le frère de Bouzid, qui a indiqué que les autorités avaient autorisé un cousin à lui rendre visite le 23 juin, visite lors de laquelle Bouzid a affirmé « n'avoir été autorisé à quitter sa cellule qu'une seule fois, et avoir été interrogé à de multiples reprises les yeux bandés et les poignets menottés« . D'autres enregistrements audio avaient fuité lors de cette période de détention, relatant des faits que les dissidents dénoncent aujourd'hui encore, alors qu'ils ont retrouvé la liberté. De la torture physique au harcèlement psychologique, les militants affirment connu une panoplie de traitements dégradants, dans une prison non loin de Rabouni. Pour rappel, les trois hommes étaient connus comme dissidents dans les camps de Tindouf. Ils ont publié au cours des mois ayant précédé leur arrestation de nombreux statuts sur Facebook critiquant sévèrement les dirigeants du Front Polisario. Ils dénonçaient dans leurs publications la « tyrannie et la dictature » des dirigeants du polisario, « l'absence de dialogue» et le manque « d'alternatives à la répression » à l'intérieur des camps. Le 16 juin, Breica avait même écrit que la «direction corrompue» du polisario « tremble [en réaction] aux difficultés auxquelles se heurtent ses maîtres d'Alger», référence faite à la grogne populaire en Algérie.