L'Irak est coupé du monde, à cause d'internet dont le débit reste aux bons soins des autorités, mais pas de la contestation qui fait toujours rage. Selon l'ONG spécialisée dans la cybersécurité, NetBlocks, « cette nouvelle coupure est la pire restriction sur les télécommunications imposée par le gouvernement irakien depuis le début des manifestations » le premier octobre 2019. D'ailleurs, la dernière contestation a encore fait des victimes dans la nuit de lundi à mardi et dans la journée. Les affrontements, dans la capitale et dans les villes insurgées du sud de l'Irak, ont causé de nouveaux morts et le bilan macabre ne cesse d'augmenter passant à plus de 270 morts pour la majorité des manifestants. Une fois de plus, les forces de l'ordre ont tiré à balles réelles sur les contestataires, qui réclament la chute du régime. Ce dernier, à travers la présidence et la primature, s'accroche coûte que coûte au pouvoir qui vacille chaque jour un peu plus. La mobilisation ne faiblit pas pour autant. La rébellion est montée d'un cran depuis une dizaine de jours avec des appels à la désobéissance civile, sous forme de grèves dans différentes corporations (enseignement, santé justice, etc.). Le régime soutenu mordicus par l'Iran a réagi à cette nouvelle forme de protestation d'une répression sans pareille depuis le début de l'insurrection de la rue. Ce coup-ci, c'est dans la ville sainte chiite de Kerbala, à 100 kilomètres au sud de Bagdad qu'elle a le plus sévi, quand des manifestants y ont été tués en tentant d'incendier le consulat d'Iran, pays qui tire les ficelles du « régime » selon les contestataires. Depuis, Internet est coupé toute la nuit jusqu'à neuf heures du matin (couvre-feu) et les réseaux sociaux sont sous contrôle. Les protestataires contournent sans difficulté les mesures avec des applications VPN. D'aucuns craignent que de cela, l'Irak ne plonge plus encore dans le chaos. Les autorités ont proposé des réformes sociales et élections anticipées. Une commission chargée de rédiger des amendements constitutionnels a même commencé ses travaux mardi. Mais les manifestants réclament le départ de tous les responsables et un nouveau système politique. Les contestataires ont afflué d'un peu partout à nouveau, mardi, dans la capitale. Dans les villes du Sud, les administrations sont à l'arrêt en raison d'un mouvement de désobéissance civile. Les snipers, que l'Etat assure ne pas pouvoir identifier, continuent de tirer sur la foule. Ces derniers jours, la rue se concentre sur l'Iran, puissance agissante en Irak. La rue conteste sa légitimité et son influence sur le régime irakien.