Pour la Suisse, les législatives dominicales ont tout de « l'historique ». En effet, quoique la droite populiste ou conservatrice pour utiliser un doux euphémisme (UDC) ait réussi à conserver une majorité (il passe de 65 à 53 sièges), c'est du côté de la forte poussée des partis écologistes qu'il faut voir l'événement. Il faut croire, qu'après les manifestations pour le climat et la Grève des femmes (des centaines de milliers de Suissesses, vêtues de violet descendues dans les rues pour défendre leurs droits et réclamer l'égalité salariale), le paysage politique suisse est devenu d'humeur plus changeante comme jamais auparavant. Sur le terrain, c'est d'une visibilité indéniable, la Confédération suisse s'est voulue dimanche, plus féminine, plus jeune, plus à gauche, et à tout seigneur tout honneur, plus verte. Du jamais vu depuis un siècle que la proportionnelle existe. 84 femmes ont été élues au Conseil national donnant ainsi une présence féminine à 42 %, ce qui place la Suisse au 12e rang mondial et seconde nation européenne ex aequo avec la Finlande, après la Suède. D'un autre côté, c'est que le Parlement suisse, pour reprendre la formule consacrée, mais en une autre lecture, s'est mis au vert. Les Verts avec 17 sièges de plus d'emportés font un carton de leur total de 28. Ils peuvent désormais aspirer à accéder pour la première fois au gouvernement, où tous les grands partis se partagent les sept places de ministres. Ce n'est pas tout pour ce qui est de l'écologie en Suisse. Les Verts libéraux avec leurs 16 sièges viennent compléter un succès que d'aucuns n'escomptaient. Les deux partis écolos en deviennent même respectivement quatrième et sixième force politique du pays. Au petit-jeu de Jean qui rit et de Jean qui pleure, les quatre partis de l'establishment qui gouvernaient jusqu'alors (l'UDC [-12 sièges], le Parti socialiste [-4], PLR [droite libérale] [-4] et surtout le Parti démocrate-chrétien avec 25 sièges [-3]. Il saute d'une quatrième place « qualifiante » si l'on peut dire au profit des Verts à la Chambre du peuple), perdent des plumes. Pour le parti majoritaire, l'UDC, il va devoir revoir ses leçons et recaler son programme anti-immigration et anti-européen qu'il avait mis en avant pendant la campagne et qui lui aura coûté 12 sièges. L'élection du gouvernement est attendue le 11 décembre, lors de l'ouverture du nouveau Parlement, mais il ne faut pas s'attendre à une véritable révolution, les ministres sont généralement reconduits dans leur fonction en Suisse. Ces élections ont de leur taux de participation 45,1 %, contre 48,5 % fait montre d'un relatif laxisme vis-à-vis des urnes. Manque d'intérêt ou abstention voulue, dans ce cas on peut compter sur la neutralité et la discrétion suisse. Toujours est-il que climat et autres sujets environnementaux ne manqueront d'alimenter l'actualité qui se voudra de plus en plus verte en Suisse.