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Libertés individuelles: Débat entre intellectuels, modernistes et "salafistes"
Publié dans Hespress le 15 - 10 - 2019

Les libertés individuelles au Maroc sont, plus que jamais d'actualité. Elles ont fait l'objet, lundi, d'une rencontre débat, initiée par le mouvement « Hors la loi », et à laquelle ont pris part des journalistes, intellectuels, avocats et acteurs de la société civile. Principaux intervenants: Le journaliste Abdellah Tourabi, la cinéaste Sonia Terrab qui a co-rédigé le manifeste « Hors la loi » aux côtés de la romancière Leila Slimani et le chercheur en islamologie et ex détenu salafiste, Mohamed Abdelouahab Rafiqi, alias Abou Hafss.
Photo : Mounir Mehimdate
La conférence, qui a également été l'occasion de présenter le bilan sur la campagne « Hors la loi » après que les signatures soient passées de 490 à 10.000 aujourd'hui 10.000 signataires, a permis de discuter des actions que comptent mener plus tard les initiateurs du mouvement.
Joint par Hespress Fr, Abdellah Tourabi a fait observer que le débat sur les libertés individuelles est « très important, mais n'est pas nouveau ».
« Ce que nous constatons maintenant, c'est que les choses commencent à bouger, il y a des ouvertures de part et d'autre. Comme la déclaration récente de Abderrahim Chikhi le président du MUR qui a déclaré être ouvert à un débat et qui considère que les libertés individuelles ne sont pas un luxe et pourrait être une priorité du moment que ça touche beaucoup de Marocains », a -t-il dit.
Dans le même contexte, Tourabi a également rappelé les déclarations du député Omar Balafrej, qu'il a reçu récemment dans son émission « Confidence de presse », qui a souligné « la nécessité d'abroger certains articles de lois, notamment ceux qui incriminent les relations entre adultes ».
Photo : Mounir Mehimdate
« Je pense que c'est un débat très important, mais qui n'est pas nouveau. C'est-à-dire que cela remonte à des années si on revient un peu sur la vie politique et la scène intellectuelle marocaine. Maintenant c'est l'occasion de parler de certains aspects notamment les lois au Maroc qui incriminent des relations entre adultes consentants. C'est un débat qui est déjà ouvert », relève-t-il.
Sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes estiment qu'il faut se focaliser sur un article à réformer, notamment celui qui incrimine l'avortement, au lieu de demander la modification de plusieurs articles à la fois, essentiellement ceux qui incriminent les relations sexuelles hors mariage, l'homosexualité ou l'adultère, ce qui pourrait induire en confusion l'opinion publique.
Interrogé sur ce point, Tourabi indique que « justement, quand on a fait un appel de 490, c'est justement une référence à l'article 490 de la loi et c'est l'article qui pénalise les relations sexuelles hors mariage. C'est un article qui pose problème. C'est-à-dire que ce sont des relations entre des adultes consentants et qui se passent dans des maisons fermées. On estime que l'Etat n'a rien à faire dans des questions comme ça où il s'agit d'adultes qui sont chez eux. Il n'y a aucune raison de les incriminer. Après, effectivement, certains articles de loi posent problème comme par exemple celui sur la nécessité de l'avortement ».
Sur la question de l'incrimination de l'avortement, Tourabi considère qu'il est temps de réformer cet article du Code pénal. « On sait très bien que selon les chiffres, il y a entre 600 et 800 cas d'avortement par jour. Et c'est des chiffres qui sont cités par des associations qui travaillent sur l'avortement clandestin. Ce n'est pas des chiffres que nous avons inventés. Donc, on ne dit pas qu'il faut ouvrir l'avortement, mais le réglementer. Comme certains pays musulmans à savoir la Tunisie ou encore la Turquie. En Tunisie par exemple, l'avortement est réglementé, ça se passe dans des hôpitaux publics, il y a des délais à ne pas dépasser et des conditions à respecter. En gros, c'est réglementé » affirme-t-il.
Pour l'article du Code pénal qui incrimine l'homosexualité, Tourabi estime que « du moment qu'il s'agit de deux personnes adultes qui ont une orientation sexuelle bien déterminée, qui sont libre de leur corps et qui font ça à l'intérieur de leur maison, pourquoi la loi devrait intervenir, du moment où il n'y a pas outrage à la pudeur public dans la rue, du moment où ils le font chez eux. Cela fait partie de leur liberté, pourquoi l'état devrait gaspiller son énergie et son temps à aller condamner des gens pour leur orientation sexuelle ».
Abdellah Tourabi souligne incidemment à Hespress Fr que le débat sur les libertés individuelles est posé devant tout le monde, notamment la société civile et les partis politiques. « Il y a des partis politiques qui se situent comme des partis politiques progressistes ou libéraux ou modernistes. Eh bien c'est l'occasion de donner aussi leurs leur avis, c'est un challenge pour eux. Après, j'imagine que le débat aura lieu aussi au Parlement. C'est l'occasion pour clarifier les positions et pour ouvrir justement le débat au sein de l'Hémicycle » indique-t-il soulignant que « le problème au Maroc, ce n'est pas le débat lui-même, mais le manque de débat et là on essaie de l'ouvrir et de donner l'occasion à tout le monde de discuter de cela ».
Mohammed Abdelwahab Rafiqi, alias Abou Hafs, qui a également pris part à la conférence, est du même avis qu'Abdellah Tourabi, estimant que le débat sur les libertés individuelles est «très intéressant surtout à cette époque, mais surtout avec ce qu'on a vu avec l'affaire Hajar Raissouni ainsi que toutes les affaires similaires».
Photo : Mounir Mehimdate
Pour cet ex-salafiste, le débat sur les libertés individuelles est un sujet primaire et non secondaire pour lui. « Je suis avec les libertés individuelles et j'ai beaucoup d'enthousiasme pour cette initiative, parce que je vois qu'il y a beaucoup de personnes qui pensent qu'il y a une contradiction entre la religion et notre référentiel religieux et les libertés individuelles. Pour moi, je ne vois aucune contradiction. Je vois que la liberté est une base dans toutes les religions. Et si l'individu est libre de choisir même la religion, que peut-on dire pour les autres choses qui sont de moindre importance que la religion. C'est pour cela que je défends les libertés individuelles et je ne vois aucune contradiction entre être musulman ou religieux et avoir tous les droits de disposer de ses libertés individuelles », déclare-t-il à Hespress Fr.
Pour être plus clair dans ses opinions, Abou Hafs souligne à Hespress Fr qu'il ne défend « ni les relations sexuelles hors mariage ni l'homosexualité, ou autre ».
« Moi je dis que l'Etat n'a pas le droit d'intervenir dans les choix des individus adultes et consentants. Ce qui est Halal et ce qui est Haram, ce que la religion permet ou interdit. Ça, c'est une chose entre l'individu et Dieu », souligne-t-il.
Selon lui, « l'Etat n'a pas le droit de dire ça c'est halal et ça c'est Haram. Parce que l'Etat n'est pas Dieu. Ni l'état, ni la société, ni l'autre n'a le droit d'intervenir dans les choix des personnes, soit homosexuelles, soit ceux qui pratiquent les relations sexuelles hors mariage. L'individu a le choix de décider de ce qu'il veut faire ou pas. Mais l'Etat n'a pas le droit de suivre les gens, qu'ils fassent le Haram ou le Halal surtout l'Etat moderne. Ça ne la regarde pas ».
Abou Hafs, qui a signé le manifeste « Hors la loi », indique à Hespress Fr, que lui, « personnellement » n'est pas un hors-la-loi dans sa vie personnelle, mais il défend tout de même ceux qui le sont. « Je veux annuler ces lois parce que je pense que c'est une incrustation et une intervention dans la vie privée et dans les droits et libertés individuelles des Marocains« , conclut-il.


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