La nouvelle équipe gouvernementale, dévoilée mercredi, compte 23 ministres, dont uniquement 4 femmes: deux nouvelles et deux anciennes qui ont été « promues ». Si le choix qui s'est porté sur elles, témoigne d'une confiance de leur hiérarchie mais surtout du Roi, il n'en demeure pas moins que cette représentativité demeure dérisoire et dévalorisante. Manque de compétence ou de reconnaissance ? Hespress FR a posé la question au politologue Driss Aissaoui, qui n'a pas, non plus caché sa désapprobation, quoique !. « On serait tenté, de prime abord, de dire que ce chiffre (4/23) n'est pas à la hauteur des aspirations et des attentes, d'abord des associations qui défendent les droits de la femme et la parité, ni de l'approche genre », nous dit-il. Toutefois, nuance notre interlocuteur, « d'un autre côté cela fait 17%, et ce pourcentage correspond exactement à celui des femmes dans la population active totale du pays ». « Nous ne pouvons que considérer que cette présence est pratiquement indigente eu égard aux aspirations et surtout à l'espoir qu'on avait nourri de voir plus de femmes accéder à des postes ministériels et de décision », affirme-t-il, soulignant que « la situation étant ce qu'elle est, nous ne pouvons qu'enregistrer cet état de fait en disant qu'il y a encore du chemin à faire ». A cet égard, le politologue estime qu' »il ne faut pas approcher la faible représentativité des femmes dans la structure gouvernementale comme étant une absence des compétences ». La femme, son propre ennemi ? Pas sûr Pour lui, « il serait prétentieux de le dire. Au contraire, nous avons assez de femmes compétentes. Le fait est que dans la vie politique, les femmes ne sont pas très présentes et c'est une réalité tangible et les responsables des partis politiques aujourd'hui disent qu'ils n'arrivent pas à attirer les femmes d'abord parce qu'elles se désintéressent, et ensuite, même quand elles sont présentes, elles ne font pas d'efforts ». La gente féminine est donc accusée de se tirer dans les pieds et de ne pas faire assez d'efforts pour être mieux et plus impliquée dans la vie politique du pays. Et pourtant, rappelle Driss Aissaoui, depuis l'époque de Feu Hassan II et jusqu'à présent, « il y a eu un appel à une plus grande implication des femmes dans la gestion des affaires publiques, mais on n'a jamais pu obtenir de résultats tangibles à ce niveau ». A ce propos, notre interlocuteur pointe les partis politiques « parce qu'ils considèrent que sociologiquement les femmes n'apportent pas de voix quand elles sont candidates, autrement dit, ils préfèrent ne pas risquer le poste pour lequel ils sont en train de concourir et présentent un homme qui a plus de +chances+ de réussir ». Compétences connues et reconnues Revenant sur les quatre représentantes féminines dans le gouvernement Otmani 2, le politologue affirme qu'elles peuvent se prévaloir d'une solide expérience qui, de un, justifie la confiance placée en elles, et de deux, réfute totalement les allégations selon lesquelles on leur a attribué des secteurs secondaires. « La ministre qui s'occupera du tourisme, Nadia Fettah Alaoui, fait partie d'un véritable pôle ministériel où il y a l'investissement, l'industrie numérique, les industries vertes ...etc, et où elle se retrouve avec Moulay Hafid El Alamy, qui est quand même un super ministre », argue-t-il. Ensuite, poursuit Driss Aissaoui, la harakie Nezha Bouchareb, présidera aux destinées de l'Habitat et de la politique de la ville, « un département extraordinaire et d'une grande importance », on ne peut donc pas dire que ce ne sont pas des secteurs qui pèsent. Ceci concernant les nouvelles, car de l'autre côté, « nous avons les femmes du PJD, Nezha Louafi et Jamila Mossalli, qui détiennent des départements sociaux extrêmement importants en terme de représentation et de proximité avec les citoyens ». Ce sont deux cadres qui ont été confirmées et même promues de secrétaire d'Etat à ministre, ce qui témoigne du bon travail qu'elles ont fait. Alors, conclut notre interlocuteur, en dépit du nombre réduit, « ce serait un peu péremptoire de dire que ce sont des postes qui ne pèsent pas et que les femmes n'ont pas une véritable place dans l'architecture gouvernementale ».