Donnant le coup d'envoi de la rentrée parlementaire, le Roi avait des messages à passer, aussi bien au législatif, qu'à l'exécutif, mais et surtout au secteur privé, et ce fut fait. Dans son discours, le Roi a présenté une véritable feuille de route pour mener à bien le grand projet national du nouveau modèle de développement. Ces trois composantes de la vie publique des Marocains, sont appelées aujourd'hui, plus que jamais, à assumer leur rôle, améliorer leur rendement et marquer une présence plus forte et plus efficace dans la gestion de la chose publique. Pour Driss Aissaoui, l'adresse royale est « fondatrice d'une nouvelle phase de gestion des affaires publiques de manière générale et particulièrement d'une phase qui prépare à la mise en place d'un nouveau modèle de développement ». Sollicité par Hespress FR, le politologue ne cache pas son enthousiasme : « Aujourd'hui on a une feuille de route, on a un plan ». Se livrant à une lecture « pointue » du discours royal, notre interlocuteur affirme que « le grand message adressé par le Roi Mohammed VI concerne une mise en alerte institutionnelle sur des préalables qui devraient être mis en place pour pouvoir aborder et amorcer l'édification de ce modèle développement renouvelé ou rénové ». Plus de place pour le rafistolage « Les premiers messages ont été directement envoyés à l'exécutif quand le Roi a parlé de la mise au point de plans rigoureux sur la base desquels les décisions et les projets doivent être pris, doivent être gérés et doivent être pensés, surtout les projets à portée nationale, régionale, locale etc... », détaille-t-il. Et d'expliquer que comme souligné par le Roi, « dans ces projets, il n'est plus permis de faire du rafistolage, au contraire, toute les décisions de politique publique doivent être prises dans un cadre rationnel, réfléchi mais surtout où l'efficacité doit prendre le pas sur le reste« . L'autre message fort adressé à l'exécutif, poursuit Driss Aissaoui, « porte sur l'application stricte du principe de la reddition des comptes », en ce sens, dit-il, qu' »il n'est plus possible de donner des prérogatives et des moyens à une personne ou à une institution sans qu'on lui demande des comptes après l'exécution de sa mission ». Une législation de meilleure qualité Par ailleurs, relève le politologue, tout en appelant le législatif à s'acquitter d'une mission « qui semble oubliée, à savoir le contrôle de l'action gouvernementale« , le Roi a attiré l'attention des parlementaires et du parlement en tant qu'institution sur sa responsabilité sur la qualité des lois. Pourquoi? « Car, explique notre interlocuteur, si la production législative n'est pas faite au niveau attendu cela veut dire que même le projet dans son exécution, sera retardé, soit parce que les querelles et les polémiques de chapelle l'empêchent d'aboutir, soit le parlement ne dispose pas de la qualification nécessaire ». Un contrat moral pour le secteur privé « Le troisième cadrage, qui était nécessaire, concerne le rôle du secteur privé, qui est interpellé à travers le secteur bancaire« , nous dit d'emblée Driss Aissaoui. Il explique : « Le secteur privé s'est arrangé des espaces de croissance et d'opulence en oubliant d'être dans l'accompagnement des projets et décisions, ce qui suppose donc un contrat moral que les banques doivent observer« . Ce contrat moral, selon le politologue, « c'est celui de partager avec la société un certain nombre d'engagements. Ça c'est la responsabilité politique partagée entre l'Etat, le secteur privé et la société« . Pour ce faire, un plan en 3 points est à mettre en œuvre, souligne-t-il. Il s'agit donc de faciliter l'accès aux crédits bancaires au plus grand nombre de jeunes qualifiés puisque l'argent ne peut pas être donné à n'importe qui et de financer des jeunes issus de différentes catégories sociales afin d'encourager l'entrepreneuriat et leur donner les chances de réussir. En deuxième lieu, ajoute-t-il, il est question du soutien à apporter aux PME-PMI qui exportent, et qui ont besoin d'un accompagnement financier, technique et entrepreneurial. Et en fin de compte, il faudra faciliter l'accès aux prestations bancaires qui sont nombreuses et variées mais qui s'arrêtent au niveau de la collecte des fonds et sans incidence sur la partie financement. Le 3e point, analyse Driss Aissaoui, « devrait en principe aller dans le sens de donner des opportunités d'insertion professionnelle et économique pour l'ensemble des citoyens et particulièrement aux personnes qui se trouvent dans le secteur informel qui est aujourd'hui vilipendé par tous, même par des grandes entreprises parce qu'il leur permet de passer sous silence leurs recettes avec des chiffres d'affaires très importants« . Et notre interlocuteur de conclure : « Aujourd'hui le parlement, le gouvernement et le secteur privé, particulièrement les banques, sont invités à aller dans le même sens, dans cet effort national de développement et d'élaboration de ce nouveau modèle de développement, parce que le Maroc en a besoin pour pouvoir sauter le pas et mettre toute la société dans le train de la prospérité et du progrès ».