À l'occasion de l'ouverture de la première session de la cinquième année législative de la 10ème législature, le Roi a précisé lors de son discours depuis le palais royal à Rabat, que l'ouverture de cette dernière année du mandat législatif intervient dans des circonstances exceptionnelles et sous une forme différente, toute de défis, notamment celui de la crise sanitaire du Covid-19. En s'adressant aux parlementaires, le Roi Mohammed VI a donné plusieurs directives soulignant ainsi que la crise sanitaire se poursuit avec ses répercussions économiques, sociales, sanitaires et psychologiques, et tout ce qu'elles engendrent. L'important, a noté le Roi, est de rester vigilant et de continuer à soutenir le secteur de la santé en parallèle avec la revitalisation de l'économie et le renforcement de la protection sociale. S'agissant du plan de relance économique, le Roi a expliqué qu'il repose sur le Fonds d'investissement stratégique "dont Nous avons préconisé la création et auquel Nous avons décidé de donner le nom de Fonds Mohammed VI pour l'Investissement". Il a pour objet de « rehausser la capacité des secteurs productifs à investir, à créer des emplois et à préserver les sources de revenu ». En décortiquant le discours Royal, le politologue Driss Aissaoui indique de manière générale qu'il s'agit d'un discours qui se situe dans le prolongement de la démarche du Roi Mohammed VI. Celle de donner un cadre général pour les représentants de la nation et leur indiquer quelles sont les priorités à privilégier dans le cadre des discussions sur le budget de l'année prochaine. L'une des remarques essentielles exprimées par le politologue « c'est qu'il s'agit d'un discours relativement court mais très concis et précis. Il livre carrément une feuille de route pour le gouvernement et pour les parlementaires ». « Dans ce discours, le Roi a voulu mettre l'accent sur ce qu'il considère comme étant un outil stratégique. Et il considère que cet outil devra servir dans la conception et la mise en œuvre du plan de relance économique. Ce dernier repose sur le fonds d'investissement stratégique qui a pris le nom du fonds Mohammed VI. Le Roi a souhaité que ce fond joue un rôle de premier ordre dans la promotion de l'investissement et le relèvement, c'est-à-dire le renforcement de la capacité de l'économie nationale. C'est également un outil qui permettra au gouvernement et à l'état d'intervenir de manière directe pour doter les secteurs productifs du soutien nécessaire à l'accompagnement des grands projets« , explique Aissaoui. Souvent il y a une volonté de lancer des projets mais on ne sait pas comment les accompagner. Ce fond, relève le politologue, permettra justement de doter les secteurs et surtout l'exécutif, des moyens pour accompagner les grands projets mais essentiellement, un accompagnement des grands projets pour les partenariats public-privé. Dans son analyse, Aissaoui note que « le partenariat public-privé est un mécanisme qui aujourd'hui permet de concevoir des projets de développement basés essentiellement sur l'intervention combinée du public et du privé. C'est-à-dire que l'Etat apporte ses fonds et le secteur privé aussi s'inscrit dans cette optique. Et il y a plusieurs projets qui ont été créés et qui ont réussi, grâce au partenariat public-privé, à l'image du projet d'irrigation dans la région d'Agadir« . Le Roi a mis aussi une condition pour que ce fond s'acquitte pleinement de sa mission, rappelle Aissaoui. « Il a doté ce fond d'une personnalité morale et c'est ce qu'il a appelé les structures managériales adéquates« . « Le Roi a pensé à la manière dont il faut gérer le fonds dans l'avenir et quels sont les moyens à fournir. De manière à ce qu'en fin de compte, le fonds et sa gestion deviennent un véritable modèle de bonne gouvernance, d'efficience et de transparence. E c'est très important. Le Roi ne veut pas que ce fonds soit géré de la même manière qu'on gérait avant les ressources de l'Etat. C'est des fonds qui devront être dépensés de manière rationnelle et réfléchie« , fait observer notre interlocuteur. Dans son discours, le Roi a fait savoir qu'il a également donné ses directives pour que ce fonds soit doté de 15 milliards de dirhams provenant du budget de l'Etat. Il a également estimé que l'allocation de ces crédits incitera très certainement les partenaires marocains et internationaux à accompagner les interventions du fonds et à contribuer aux projets d'investissement à venir. « C'est-à-dire, s'il y a des investisseurs qui sont intéressés par un projet, ils verront que le fonds intervient et ils viendront parce qu'ils feront confiance à ce fonds. Et vu qu'il sera géré de manière rationnelle, ils vont l'utiliser dans ce sens-là« , dit-il. D'autre part, Driss Aissaoui a rappelé dans son analyse que le Roi a souligné dans son discours adressé aux parlementaires, que l'appui apporté au plan de relance, permettra d'amplifier l'impact économique, social et environnemental. « C'est-à-dire, qu'avant d'adopter n'importe quel plan, on réfléchit à ce qu'on va faire et comment on va le faire. Et cette réflexion, doit prendre en considération la dimension économique, sociale et environnementale ce qu'on ne faisait pas auparavant » ajoute le politologue. Bien entendu, les ressources de ce fonds seront orientées de manière prioritaire en fonction des besoins de chaque secteur, rappelle-t-il, « puisqu'on a aujourd'hui des secteurs qui n'ont pas qui les financer. Alors ce fonds interviendra en fonction des priorités accordées à tel ou tel secteur. Et le Roi a particulièrement cité un nombre de secteurs qui lui semblent être intéressants, même souhaitable d'y investir« . En effet, Aissaoui soulève que le Roi « a parlé de restructuration industrielle, de l'innovation en tant qu'activité économique, ou encore ce qu'il a appelé les activités à fort potentiel, à savoir des investissements qui créent de la richesse et qui sont en soutien à d'autres secteurs« . De plus, poursuit le politologue, « le Roi souhaite également que ce plan intervienne dans l'appui aux petites et moyennes entreprises. Nous oublions souvent que ces dernières constituent 90% du tissu industriel. Le plan interviendra souvent dans le financement des infrastructures, puisqu'on a souvent de grandes difficultés à trouver des financements. Le financement de l'agriculture, qu'il considère comme priorité. Et il y a enfin l'appui au tourisme« . L'ensemble de ces secteurs, sont considérés comme des activités prioritaires qui devront créer de l'emploi, et qui devront créer plus de liens et de connexions entre les composantes de l'économie et la société marocaine, estime Aissaoui. S'agissant de l'agriculture, le politologue rappelle le discours du Roi le 12 octobre 2018 lors de la rentrée parlementaire, « où il avait demandé à faire très attention au secteur de l'agriculture qui doit servir de levier de développement. Il revient aujourd'hui pour en reparler, à savoir penser au développement de l'agriculture et du monde rural dans une dynamique de relance économique, ce qui est très important« , estime le politologue. « On parle aujourd'hui d'agriculture comme étant un levier de changement et de développement économique. Parce qu'on n'a jamais donné au monde rural les moyens de s'exprimer. Et ce discours vient justement lui donner ces moyens-là« , dit-il. Toujours en ce qui concerne l'agriculture, Aissaoui indique que le Roi dans son discours a demandé à ce qu'on y réfléchisse comme étant un instrument et un outil privilégié de dynamisation de l'investissement et de l'emploi. « Il en a parlé comme étant un dispositif. Mais ce dispositif est adossé à une nouvelle stratégie agricole. Cela veut dire deux choses : que le Maroc et l'agriculture devront contribuer à la valorisation de la production agricole nationale et devront aussi faciliter le processus d'insertion professionnelle dans le milieu rural », conclut Driss Aissaoui.