Jusqu'au 26 octobre, le Cinémed, festival emblématique des cinémas méditerranéens, célèbre sa 46e édition à Montpellier, mettant cette année à l'honneur le jeune cinéma marocain. À travers des œuvres audacieuses comme « Animalia », « Burning Casablanca » et « Reines », cette sélection révèle la vitalité et la diversité d'une nouvelle génération de cinéastes. Suivez La Vie éco sur Telegram Comme chaque année depuis sa création en 1979, le festival met en lumière la diversité des productions méditerranéennes à travers des rétrospectives, des avant-premières et une compétition officielle de longs et courts métrages. Mais cette édition se distingue particulièrement par un focus dédié au jeune cinéma marocain, offrant aux festivaliers une occasion de découvrir des œuvres récentes et audacieuses qui redéfinissent le paysage cinématographique du pays. Parmi les films sélectionnés, Animalia de Sofia Alaoui plonge les spectateurs dans un voyage apocalyptique au cœur des montagnes de l'Atlas, où le réel et le surnaturel s'entrelacent. Premier long métrage de la réalisatrice, cette œuvre suit Itto, une jeune femme enceinte qui, isolée dans un village reculé, est confrontée à un état d'urgence énigmatique plongeant la société dans le chaos. À travers ce récit, Sofia Alaoui propose une réflexion profonde sur notre rapport à la nature et à l'inconnu, tout en créant une atmosphère oppressante où les frontières entre l'humain et l'animal s'effacent. Entre animisme et science-fiction, Animalia fascine par sa singularité et son audace formelle. Allégories sociales et explorations personnelles Autre moment phare du festival, Burning Casablanca d'Ismaël El Iraki captive par sa force brute et son portrait sans concession des marges de la société marocaine. Porté par une bande-son saisissante et des influences visuelles issues du cinéma indépendant américain, le film suit Larsen, un rockeur en déclin, et Rajae, une prostituée désabusée, tous deux tentant de se réinventer dans un Casablanca déchiré. À travers une série de confrontations et d'épreuves, le film propose une immersion électrique dans un Maroc où les désillusions personnelles et les tensions sociales s'entrecroisent, dressant un tableau contrasté d'une ville en perpétuel mouvement. Enfin, Reines de Yasmine Benkiran met en scène une cavale haletante au cœur des paysages arides de l'Atlas marocain. Zineb, une mère en fuite, tente de protéger sa fille des autorités judiciaires, et s'associe à Asma, une conductrice de camion. Ensemble, elles défient non seulement les forces de l'ordre mais aussi la rudesse des éléments naturels. À travers cette aventure, Benkiran interroge la notion de liberté et la quête de survie, tout en explorant la résilience féminine dans un monde où les femmes doivent constamment lutter pour s'affirmer. Cette mise en lumière du jeune cinéma marocain au Cinémed 2024 reflète la vitalité et la diversité d'une génération de réalisateurs qui osent réinventer les codes narratifs tout en proposant une réflexion sur la société marocaine contemporaine. De l'allégorie écologique de Animalia aux rébellions intimes de Burning Casablanca, en passant par la cavale émancipatrice de Reines, ces œuvres témoignent de la richesse d'un cinéma en plein mutation, à la fois ancré dans sa réalité locale et ouvert à des influences internationales. Le festival devient ainsi une vitrine idéale pour ces films, offrant aux spectateurs une immersion dans un Maroc à la croisée des chemins, entre tradition et modernité.