Les déclarations controversées du président américain sur les actes de violence commis samedi à Charlottesville ont fini par dégoûter plusieurs dirigeants du monde des affaires. Pour le patron d'une grande entreprise, s'afficher autour d'une table à la Maison-Blanche aux côtés de Donald Trump devient politiquement risqué. Les déclarations controversées du président américain sur les actes de violence commis samedi à Charlottesville ont fini par dégoûter plusieurs dirigeants du monde des affaires. Depuis janvier, ils avaient accepté de le conseiller pour des réformes en vue d'accélérer les créations d'emploi aux Etats-Unis. Face à l'hémorragie, Trump a préféré dissoudre les deux comités de conseil par un simple tweet «plutôt que de mettre la pression» sur les chefs d'entreprise. https://twitter.com/realDonaldTrump/status/897869174323728385 Parmi les démissionnaires: le patron de Merck, géant de la pharmacie, celui d'Intel, leader de la haute technologie, d'Under Armor, société d'articles de sport, et celui du conglomérat 3M. Tous siégeaient au Manufacturing Jobs Initiative constitué en janvier. Richard Trumka, président de la centrale syndicale AFL-CIO, et Scott Paul, président de l'Alliance for American Manufacturing, ont également claqué la porte de ce comité. Piqué au vif, Donald Trump a immédiatement réagi : « Ils ne prennent pas leur travail au sérieux », a-t-il déploré. Peu avant, il avait violemment critiqué Kenneth Frazier, PDG de Merck, accusant par tweet le laboratoire « d'être un leader dans l'augmentation des prix des médicaments tout en supprimant des emplois aux Etats-Unis. Ramenez les emplois en Amérique et réduisez les prix !». Kenneth Frazier, âgé de 62 ans, se trouve être afro-américain. La dimension raciale et morale du drame de Charlottesville a fait de lui le premier démissionnaire. L'insistance de Trump à vouloir condamner ceux qui manifestaient contre les néonazis et les suprémacistes blancs au même titre que ces groupuscules racistes et violents pose effectivement un problème moral. Risque de campagnes de boycott Doug McMillon, patron du premier employeur privé des Etats-Unis, Walmart, a aussi pris ses distances. Dans un mémo à ses employés, le dirigeant de la chaîne de distribution critique Donald Trump pour ne pas avoir «rejeté sans équivoque les actions déplorables des suprémacistes blancs». Dans le climat de guerre ouverte entre la presse et l'Administration Trump, et face à une grosse mobilisation des activistes de gauche aux Etats-Unis contre une présidence qui leur paraît illégitime, tout patron américain court le risque de campagnes de boycott et de pressions de la part de ses actionnaires. Sur les réseaux sociaux et les télévisions, la pression montait pour qu'Indra Nooyi, patronne de PepsiCo, et Mary Barra, PDG de GM, abandonnent à leur tour le comité de conseil au président Trump. Elles tardaient à le faire. À leurs yeux, garder un contact et une influence parmi ceux qui préparent des réformes au sein de l'Administration pouvait servir les intérêts de leur entreprise. Plusieurs patrons avaient déjà renoncé à siéger aux comités de conseil du président Trump. Ceux de Disney et de Tesla l'avaient ainsi annoncé en juin, après le retrait des Etats-Unis des accords de Paris sur le climat.