Le RNI a rendez-vous avec une nouvelle étape de son histoire à partir de ce vendredi 19 mai. Durant trois jours, le parti tiendra son sixième congrès annoncé sous le signe «Ici démarre le parcours». Décryptage. Munis de nouvelles cartes intelligentes, les 3.000 congrétistes du Rassemblement national des indépendants (RNI) attendus les 19, 20 et 21 mai 2017 à El Jadida ont du pain sur la planche. Ils devront adopter les nouveaux statuts du parti, élire les directions des instances de jeunes et de femmes fraichement créées, et désigner les nouveaux membres du bureau politique. Autant de démarches organisationnelles qui permettront de lancer la restructuration du parti afin qu'il soit fin prêt pour la bataille électorale de 2021. Face à lui, ses adversaires politiques, notamment le parti de la Justice et du développement (PJD) et l'Istiqlal, sont en effet beaucoup mieux organisés avec leurs différentes instances (femmes, jeunes, corps de métiers, présence locales...). Sauf que ces partis ont été secoués par dissensions internes à l'issue des dernières élections législatives et surtout après l'étape du blocage gouvernementale durant lequel, le RNI, mené par Aziz Akhanouch, a joué un rôle central en cooptant des partis tels que l'UC (Union constitutionnel), l'USFP (Union socialistes des forces populaires), le MP (Mouvement populaire) et en réussissant à les imposer dans le gouvernement. Les grands défis du nouveau RNI C'est ainsi que Aziz Akhannouch, l'homme d'affaire qui annonçait en mai 2016 son retrait de la politique est revenu de manière spectaculaire sur le devant de la scène politique après son élection au poste de président du RNI en octobre 2016 . C'est dans ce contexte que le RNI doit relever de grands défis qui se dressent devant lui et changer l'étiquette de parti «de l'administration», «du Makhzen» qui lui colle à la peau depuis sa création dans les années 80 par Ahmed Osman, un proche du roi Hassan II. Un parti peu dépendant, téléguidé par les appareils du régime. «Mais ce serait injuste de réduire le parti à cette catégorisation, injuste envers les militants convaincus par l'idéologie libérale du parti auquel ils se sont greffés au fil des années», explique le politologue Aziz Chahir. Pour lui, le RNI est appelé à une reconversion et un renouveau sur plusieurs fronts. Au niveau idéologique, le parti doit se tourner vers plus de social et se défaire d'une autre étiquette, celle du parti des affairistes. Le parti de la Colombe doit ainsi s'ouvrir sur d'autres franges de la société plus modestes mais aussi sur d'autres régions, notamment les zones rurales et le sud du royaume et le nord, fief politique du deuxième homme fort du RNI, Rachid Talbi Alami. Autre hic: la rigueur et la discipline des cadres. A ce titre, le politologue nous rappelle une anecdote révélatrice: «A l'issue des élections régionales, un membre du Rassemblement, Moncef Belkhayat pour ne pas le nommer, a fait cavalier seul en balayant d'un revers de main les consignes de la direction pour donner ses voix au PAM dans la région de Casablanca aux dépens des alliés définis par le parti». Attirer les jeunes, nouer des ponts de communication avec la base, animer les instances du parti sont autant d'éléments qui faisaient défaut au parti et qui ont été pointés du doigt par avec les militants du parti. «L'ensemble de ces critiques ont été pris en compte par l'équipe d'Aziz Akhanouch qui, après depuis son élection à la tête du parti, a entamé une tournée dans les douze régions du Maroc pour prendre le pouls du RNI», explique une proche de Akhannouch qui a requis l'anonymat. Aziz Akhannouch, un entrepreneur de la politique D'après la même source, ce congrès est le couronnement de cette tournée et de l'organisation de 83 congrès provinciaux qui avaient pour but de réduire les tensions internes amplifiées depuis l'arrivée d'Akhannouch et d'ouvrir des discussions. Objectifs: «permettre à tous de voir dans le même sens, non pas pour mettre tout le monde d'accord, mais pour démarrer enfin le travail». Un dur labeur. Mais il faut reconnaître qu'Akhanouch a réussi à ramener un nouveau souffle et une nouvelle logique au sein du parti, celle d'un «technocrate décomplexé», selon les termes de l'universitaire Aziz Chahir. «Aziz Akhannouch est un entrepreneur de la politique. Il a su reconvertir ses ressources, son réseau, sa réputation, sa bonne connaissance des arcanes du pouvoir pour se reconvertir en politique et servir l'action publique», relève notre politologue. Le nouveau patron du RNI devra donc convaincre durant ces trois jours les 3.000 congressistes et, plus tard à travers eux, les millions d'électeurs marocains.