En raison de la situation sanitaire, le Maroc a décidé d'interdire l'accès au territoire aux voyageurs en provenance de Chine. En vigueur depuis le 3 janvier, cette mesure est-elle efficace? Selon Dr Tayeb Hamdi, « il n'y a aucune mesure capable d'arrêter un virus aux frontières ». « Il n'y a aucune mesure capable d'arrêter un virus aux frontières. S'il y avait une mesure capable de nous protéger de la propagation du virus, on l'aurait appliquée depuis décembre 2019. Le but des mesures de restriction aux frontières et autres est de gagner du temps, avoir plus de données et être mieux préparés à faire face. Le but, c'est de protéger le système de santé, d'éviter qu'il soit submergé d'un seul coup », commente Dr Tayeb Hamdi, médecin généraliste et chercheur en politiques et systèmes de santé. « Le fait que le Maroc a pris la décision de refuser l'accès au territoire aux voyageurs en provenance de Chine s'inscrit dans un contexte où d'autres pays ont décidé également d'exiger un PCR négatif 48h avant l'embarquement des voyageurs de Chine, le port du masque dans l'avion et des tests aléatoires à l'arrivée », poursuit le médecin. Pourquoi? « Ce n'est pas parce que les variants qui circulent en Chine lui sont particuliers, ils circulent ailleurs, ce n'est pas parce qu'ils sont très contagieux car aux Etats-Unis, un autre variant très contagieux circule, le XBB.1.5, mais personne n'a pris de décision contre les Etats-Unis… La décision a été prise car il y a en effet une flambée importante en Chine avec des variants importants, avec un risque de voir un variant plus virulent émerger. Ce risque est plus important en Chine qu'aux Etats-Unis ou en France », détaille le professionnel qui explique cette différence par la rétention de données en Chine. Lire aussi : Pourquoi la vague de Covid en Chine inquiète « La différence, c'est qu'aux Etats-Unis et en France, on a les données à chaque seconde, on a les résultats des séquençages, le nombre d'admis à l'hôpital et en réanimation donc on voit que la situation est stable. En Chine, il n'y a pas de transmission de l'information donc on ne peut pas savoir si la situation est stable ou si un nouveau variant est en train de ravager. Peut-être que la Chine le sait mais la communauté internationale ne peut pas le savoir », développe Dr Hamdi. Et d'ajouter: « D'ailleurs, l'OMS a dit qu'il y a un défaut de partage d'informations donc les mesures étaient nécessaires pour restreindre ce risque de faciliter la tâche à un virus plus virulent même si c'est une éventualité très faible, mais surtout, c'est le seul moyen pour les Etats de voir ce qu'il se passe en Chine. Si la Chine ne partage pas ses informations, les autres pays prennent des mesures préventives et feront des PCR à l'aéroport pour faire le séquençage et voir si des mutations se développent. » Pourquoi le Maroc a-t-il carrément fermé ses frontières aux voyageurs de Chine? « Il a prôné cette politique dès le départ. En Grande-Bretagne ou en France, avec les tests PCR effectués par la population, il est possible de suivre l'évolution de la pandémie, car les gens se font tester. Au Maroc, le dépistage n'est pas systématique, même chez des personnes typiquement symptomatiques. Donc on ne peut pas compter sur ça pour faire le suivi. Alors le Maroc prend généralement une décision anticipative et collective, au lieu de compter sur la responsabilité de chacun », répond l'expert.