L'Assemblée générale des Nations Unies a adopté mercredi une résolution dans laquelle elle demande à la Russie de revenir sur sa «tentative d'annexion illégale» de quatre régions ukrainiennes à la suite de «soi-disant référendums illégaux». Le texte a été adopté par 143 pays, dont le Maroc, qui pour la première fois prend position dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine. Pour la première fois depuis le début du conflit entre la Russie et l'Ukraine, le Maroc a pris position. Comme 142 autres pays, le royaume a voté favorablement, mercredi 12 octobre 2022, pour l'adoption de la résolution intitulée «Intégrité territoriale de l'Ukraine: défense des principes consacrés par la Charte des Nations Unies». Le vote a comptabilisé cinq contre et 35 absentions. L'Assemblée générale adopte une résolution condamnant les "soi-disant référendums illégaux" de la #Russie dans les régions situées à l'intérieur des frontières reconnues de l'#Ukraine et lui demande de revenir sur sa déclaration d'annexion Pour : 143 Contre : 5 Abstentions : 35 pic.twitter.com/JZMZMoFpig — ONU Info (@ONUinfo) October 12, 2022
En préambule, la résolution note que les décisions prises par la Fédération de Russie les 21 février et 29 septembre 2022 concernant le statut des régions ukrainiennes de Donetsk, de Kherson, de Louhansk et de Zaporijjia « constituent une violation de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de l'Ukraine », résume le site des Nations Unies dans un communiqué, et qu'elles contreviennent aux principes de la Charte des Nations Unies. Le texte soulève aussi avec inquiétude que « les soi-disant référendums illégaux ont été organisés dans ces régions du 23 au 27 septembre 2022 pour tenter de modifier les frontières internationalement reconnues de l'Ukraine » et prend note de la déclaration faite par le Secrétaire général de l'ONU le 29 septembre 2022, dans laquelle celui-ci a rappelé que toute annexion du territoire d'un Etat par un autre Etat résultant de l'emploi ou de la menace de l'emploi de la force était une violation des principes consacrés par la Charte des Nations Unies et le droit international. Dans ce contexte, l'Assemblée générale «condamne l'organisation par la Fédération de Russie de soi-disant référendums illégaux dans des régions situées à l'intérieur des frontières internationalement reconnues de l'Ukraine et la tentative d'annexion illégale des régions ukrainiennes de Louhansk, de Donetsk, de Kherson et de Zaporijjia qui a suivi». Lire aussi : Bientôt des réacteurs nucléaires russes au Maroc? La résolution déclare que «les actes illicites de la Fédération de Russie concernant les soi-disant référendums illégaux organisés du 23 au 27 septembre 2022 dans des parties des régions ukrainiennes de Donetsk, de Kherson, de Louhansk et de Zaporijjia qui se trouvent ou se sont trouvées en partie sous le contrôle militaire temporaire de la Fédération de Russie ainsi que la tentative d'annexion illégale de ces régions qui a suivi n'ont aucune validité au regard du droit international et ne sauraient servir de fondement à une quelconque modification du statut de ces régions d'Ukraine». L'Assemblée générale «demande à tous les Etats, organisations internationales et institutions spécialisées des Nations Unies de ne reconnaître aucune modification par la Fédération de Russie du statut de tout ou partie des régions ukrainiennes de Donetsk, de Kherson, de Louhansk et de Zaporijjia et de s'abstenir de tout acte ou contact susceptible d'être interprété comme valant reconnaissance d'une telle modification de statut». Elle exige de la Fédération de Russie «qu'elle annule immédiatement et sans condition» les décisions qu'elle a prises les 21 février et 29 septembre 2022 concernant le statut de certaines zones des régions ukrainiennes de Donetsk, de Kherson, de Louhansk et de Zaporijjia» et qu'elle «retire immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires du territoire de l'Ukraine à l'intérieur des frontières internationalement reconnues du pays». Fin de la neutralité marocaine? Depuis le commencement du conflit Russie-Ukraine en février dernier, le Maroc entretenait une position claire et constante de neutralité fondée sur son « fort attachement au respect de l'intégrité territoriale, de la souveraineté et de l'unité nationale de tous les états membres des Nations Unies ». Il n'a ainsi pas participé (à ne pas confondre avec l'abstention) aux deux sessions extraordinaires d'urgence de l'Assemblée générale des Nations Unies sur le sujet, soit la résolution du 2 mars 2022, intitulée « Agression contre l'Ukraine » et celle du 24 mars 2022, intitulée « Conséquences humanitaires de l'agression contre l'Ukraine ». Pour lever toute ambiguïté, le ministère des Affaires étrangères avait officiellement déclaré que « la non-participation du Maroc ne saurait faire l'objet d'aucune interprétation par rapport à sa position de principe concernant la situation entre la Fédération de Russie et l'Ukraine, telle que réaffirmée dans le Communiqué […] du 26 février 2022 ». Une neutralité qui témoignait aussi de la volonté de Rabat de ne pas s'aliéner la Russie, membre du Conseil de sécurité de l'ONU, sur la question du territoire disputé du Sahara occidental, priorité de la diplomatie marocaine.