Les députés marocains membres de la Commission parlementaire mixte Maroc-UE, représentant toutes les tendances politiques du Parlement du Royaume, ont accueilli, mercredi, avec grand étonnement l'intention européenne de permettre la participation du chef du « polisario », le dénommé Brahim Ghali, au 6ème sommet Union européenne (UE)-Union Africaine (UA), prévu les 17 et 18 février à Bruxelles. Dans une lettre adressée aux eurodéputés, le président de la Commission parlementaire mixte Maroc-UE, M. Lahcen Haddad, a appelé ses collègues européens à « dénoncer ces manœuvres qui tendent à nuire à la dynamique positive qui caractérise les relations entre le Royaume et l'UE ». « Nous comptons sur votre compréhension et celle de tous nos collègues européens pour empêcher l'entrée du chef de ce mouvement séparatiste et dénoncer ces manœuvres qui tendent à nuire à la dynamique positive qui caractérise les relations Maroc-UE et au destin commun qui unit les deux rives de la Méditerranée », a-t-il ajouté. M. Haddad a aussi appelé à ne pas permettre d'instrumentaliser l'Europe à l'appui de l'agenda d'une junte militaire aux dépens d'un partenariat global Maroc-UE, respectueux de la souveraineté des uns et des autres et des instruments juridiques internationaux qui le lient non seulement à l'Europe mais aussi à toute la communauté internationale, conformément aux conventions internationales en la matière et auxquelles le Maroc adhère pleinement. Il a assuré à ce propos que le Maroc et l'UE « ont un potentiel inestimable qui pourrait transformer toute la région en zone de prospérité, et pour peu, certaines visions qui se nourrissent souvent de malentendus non élucidés se gangrènent avec le temps ». Dans cette lettre, M. Haddad a, en outre, affirmé que si le sommet UE-UA constitue une occasion de jeter les bases d'un partenariat renouvelé et approfondi entre les deux parties, fondé sur la confiance et une compréhension claire des intérêts mutuels, de renforcer la prospérité et d'aborder les questions sécuritaires et économiques, c'est la place du Continent dans l'architecture de la gouvernance mondiale qui est aussi interrogée. « Persuadés de la centralité du code politico-moral régissant le mandat qui leur a été démocratiquement confié par les électeurs, et soucieux de perpétuer la tradition de dialogue et de concertation qui distingue leur noble mission en tant que parlementaires, nous souhaitons partager avec vous nos préoccupations par rapport aux turbulences qui peuvent affecter le caractère stratégique du partenariat Afrique-Europe né d'une volonté commune de bâtir un espace de dialogue et de coopération pour la sécurité, le développement et la prospérité partagée », a-t-il poursuivi. Lire aussi: Vidéo. L'UE réitère sa position de non-reconnaissance de la RASD Rappelant l'entrée frauduleuse en avril dernier sur le sol espagnol du dénommé Brahim Ghali sous une fausse identité et sous des prétentions humanitaires douteuses, il a souligné que cet incident avait « mis à rude épreuve le partenariat stratégique avec nos voisins du nord ». « Ce parti pris manifeste avait suscité la stupeur de l'opinion publique marocaine et a été unanimement condamné par les autorités du Royaume, étant donné qu'il s'agit d'un individu qui s'est rendu tristement célèbre en accumulant divers crimes et délits pour lesquels il devrait être traduit devant les juridictions espagnoles et internationales », s'est-il indigné dans cette lettre. M. Haddad a affirmé que le dénommé Brahim Ghali est notamment poursuivi pour détention illégale et enlèvement, viols, tortures, lèse-humanité et actes de tortures commises dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, en Algérie depuis des années et a été à l'origine de tous les scandales de détournements de l'aide humanitaire, ajoutant que l'ampleur de la corruption et son enracinement dans les rangs du « polisario » a été épinglée par l'Office européen de lutte antifraude 'l'OLAF » depuis 2015 à nos jours. « Une éventuelle entrée de cet individu sur le sol européen alors que la justice le poursuit pour plusieurs chefs d'accusation retenue contre lui, il y va de la crédibilité institutionnelle de toute l'union européenne », a averti le président de la commission parlementaire mixte Maroc-UE.