L'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) a décidé de réexaminer dix pesticides potentiellement nocifs pour l'homme et/ou les animaux. Des substances déjà interdites depuis plusieurs années dans divers pays européens notamment, mais toujours en circulation au Maroc. A la suite de l'avis de la commission interministérielle tenue en juillet dernier, l'ONSSA a lancé le réexamen de 10 substances actives composant les pesticides, herbicides et fongicides. Il s'agit du chlorothalonil, du diméthoate, du diquat, du fenthion, du glufosinate d'ammonium, de l'hexaconazole, du méthomyl, du paraquat, du thiaclopride et du thirame. Plusieurs études dans le monde on déjà prouvé la nocivité de la plupart de ces substances sur la santé et l'environnement, qui font toujours partie de la formule de base de quelque 40 pesticides. Interdit en Suisse depuis 1987 et en Europe depuis 2007, le paraquat par exemple, serait toxique de manière aigüe pour les travailleurs agricoles qui l'utilisent. Le contact direct avec la substance pourrait causer l'affaiblissement de la fonction pulmonaire, la maladie de Parkinson ou des formes variés de leucémie. Utilisé notamment pour les agrumes et contre les adventices, le paraquat peut largement être remplacé par d'autres produits actifs disponibles sur le marché interne, considérés efficaces et sains pour l'homme, la faune et la flore.
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Autre intrant dont l'homologation est en cours d'examen, le diméthoate, considéré comme très toxique pour les abeilles. Il a été interdit en France en 2016. Ses dangers sont tels qu'il a été classé potentiellement cancérigène chez l'humain, présentant des risques d'accélérer l'apparition de tumeurs de la rate, de la peau et du système lymphatique. Egalement nocif pour les abeilles et insectes pollinisateurs en général, comme pour les êtres humains, le thiaclopride est aussi déjà interdit en France. Des effets nocifs ont été observés sur les systèmes reproductifs humains, notamment le foetus, et d'autres mammifères. Il peut engendrer une «toxicité spécifique pour certains organes cibles à la suite d'une exposition unique», rapporte l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES). Ce réexamen des matières actives risque de déplaire aux importateurs de pesticides qui engendrent chaque année un chiffre d'affaires de près de 2 MMDH. Il est possible que la profession engage son lobby pour faire pression auprès de l'ONSSA. En attendant, «l'homologation de produits contenant l'une de ces matières actives précitées est gelée pendant toute la période de réexamen». Le sort de ces dix intrants sera décidé en mars prochain, sur avis de la commission interministérielle.