Le Chlorothalonil, le Diquat, le Méthomyl, le Fenthion, ou encore le Paraquat, sont des matières actives qui ont fait couler beaucoup d'encre dans le monde entier pour leurs effets nocifs sur la santé et sur l'environnement. ces matières actives sont interdites d'usage dans plusieurs pays au monde depuis plusieurs années , mais ils sont toujours vendus au Maroc et entrent dans la formule de base d'environ 40 pesticides. * Par Fatima Affani L'interdiction des pesticides est une pratique courante dans plusieurs pays au monde. Cette restriction s'impose de par le risque que ces produits présentent pour la santé humaine .Elle se justifie aussi par le risque d'intoxication des agriculteurs ainsi que toute personne en contact avec ces pesticides. Le Paraquat par exemple , interdit en Europe depuis 2007 et en Suisse depuis 1989, causerait une toxicité aiguë pour les travailleurs agricoles qui l'épandent. Ce contact direct avec ce produit chimique pourrait aussi causer l'affaiblissement de la fonction pulmonaire, le parkinson ou encore plusieurs formes de leucémies. Une éventuelle interdiction du Paraquat au Maroc, utilisé entre autres sur les agrumes et contre les adventices, n'impacte en aucun cas l'agriculteur ni la culture étant donné que d'autres produits actifs sont vendus sur le marché national, et sont jugés efficaces et non nocifs pour l'Homme, les animaux et l'environnement. La liste des matières actives dont les faits ou les nouvelles études ont démontré les multiples risques qui leur sont associés est longue et non exhaustive. Ces risques sont aussi de taille et touchent à l'environnement à travers la pollution des cours d'eau et nappes phréatiques, mais aussi à la faune et la flore. Après des années de mutisme, finalement l'ONSSA s'est enfin saisi du dossier . il a programmé pour l'année en cours, la réévaluation de plusieurs matières actives. Si la cadence s'est manifestement améliorée ces dernières années, le résultat n'est pas tout à fait satisfaisant étant donné que plusieurs pays devancent de loin le Maroc dans ce domaine. À titre d'exemple, le nombre de molécules interdites par le conseil de coopération du golfe dépasse les 200. Au Maroc, l'ONSSA enclenche, le processus de réévaluation de la matière active mise en cause en soumettant un rapport à la Commission interministérielle des pesticides pour donner son avis sur le nouveau statut de la matière active au Maroc. Ladite commission décide du retrait ou de la restriction d'usage des pesticides à base de la substance active en question. Or, la réévaluation des matières actives ne convient pas toujours aux sociétés importatrices des pesticides, qui réalisent un chiffre d'affaires annuel d'environ 2 milliards de dirhams , et pourraient exercer de fortes pressions sur l'ONSSA et mobiliser son lobbying. Finalement, L'ONSSA a pris en main la situation en programmant le réexamen d'un nombre non négligeable des molécules en une année. Mais cette administration pourrait-elle interdire toutes les matières actives bannies en Europe ? Nous, consommateurs marocains, estimons que notre santé mérite d'être traitée au même titre que celle des citoyens des pays vers où le Maroc exporte ses produits agricoles. À bon entendeur !