Face à la recrudescence des publicités de médicaments sur les réseaux sociaux, les pharmaciens condamnent cette pratique et rappellent les conditions de publicité de ce type de produits. En réponse à la recrudescence des publicités de médicaments sur les réseaux sociaux (WhatsApp, Facebook, Instagram, Tik Tok…), la présidente du Conseil régional des pharmaciens d'officine du Sud (CRPOS), Saadia Motaouakkil, a réagi avec la diffusion d'une circulaire. Adressée le 1er décembre 2020 aux pharmaciens inscrits au tableau du CRPOS, la circulaire revient sur la pratique de la publicité de médicaments dans des conditions illégales. A ce titre, la présidente mentionne plusieurs vidéos vantant les bienfaits de médicaments et de produits pharmaceutiques partagés sur les réseaux sociaux. « Par ces vidéos dont certaines figurent sur des chaînes YouTube, leurs auteurs véhiculent de fausses informations et prodiguent des conseils pouvant mettre en danger la santé de nos concitoyens… Il n'est pas rare que les auteurs de ces vidéos préconisent un usage hors autorisation de mise sur le marché (AMM) de certaines spécialités pharmaceutiques », regrette Motaouakkil.
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Pour rappel, la publicité de médicaments n'est pas interdite mais soumise à des conditions. Selon la loi 17-04, la publicité ne doit pas être trompeuse ni porter atteinte à la protection de la santé des personnes. Elle doit présenter le médicament ou le produit de façon objective et favoriser son bon usage. Elle doit également être conforme au dossier d'autorisation de mise sur le marché. De son côté, l'article 41 de cette même loi souligne que « la publicité auprès du public pour un médicament n'est admise qu'à la condition que ce médicament ne soit pas soumis à prescription médicale, qu'il ne soit pas remboursable par les régimes d'assurance maladie ou que l'autorisation de mise sur le marché ne comporte pas de restrictions en matière de publicité auprès du public en raison d'un risque possible pour la santé publique ». « Un secteur très peu contrôlé » Contactée par H24Info, une pharmacienne spécialisée dans l'aspect réglementaire des médicaments nous confie que le secteur de la publicité médicamenteuse en général est « très peu contrôlé ». Elle cite l'article 42 de la loi 17-04 obligeant tout industriel pharmaceutique qui souhaite faire de la publicité sur un produit à demander au préalable un visa. « Un visa qui est délivré par la Direction du Médicament et de la Pharmacie (DMP) », précise notre interlocutrice. Et de déplorer: « Quasiment aucun établissement industriel pharmaceutique ne demande un visa pour faire une publicité, alors qu'il s'agit souvent en plus de médicaments remboursables ».
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« Les industriels produisent des dépliants ou prospectus à usage du médecin ou du pharmacien mais bien souvent, ils en font une publicité détournée », poursuit la pharmacienne anonyme. En attendant, la présidente du CRPOS rappelle que les infractions dans ce domaine engagent la responsabilité civile et pénale conjointe du pharmacien titulaire et des ses collaborateurs. Elle enjoint l'ensemble des pharmaciens à partager cette note avec leurs collaborateurs afin de les sensibiliser sur les conséquences potentiellement dangereuses de ces vidéos sur la santé des usagers de médicaments, mais aussi sur l'image de la profession et les risques de poursuite judiciaire encourues en cas d'infractions.