Toutes les centrales appellent à une journée de grève ce jeudi, juste avant le début de l'examen de la réforme de la fonction publique à l'Assemblée. Pour la quatrième fois depuis le début du quinquennat, l'ensemble des neuf syndicats représentatifs des fonctionnaires se retrouve jeudi dans la rue. CGT, CFDT, FO, FSU, Solidaires, Unsa, FA-FP, CFE-CGC et CFTC protestent contre le projet de loi «de transformation de la fonction publique» qui sera examiné en séance, en première lecture à l'Assemblée, à partir de lundi prochain. C'est la première fois depuis longtemps qu'un exécutif n'avait pas réalisé l'union syndicale contre lui au sein de la fonction publique. Une union durable, qui plus est, qui tient depuis le début du quinquennat. Les organisations dénoncent «la portée très grave du texte» pour les agents comme pour les usagers. Il s'agit simplement d'introduire «des outils d'assouplissement, de rebondissement de carrière et de pilotage des ressources humaines», répond la rapporteure LREM du texte à l'Assemblée, la députée de l'Isère Emilie Chalas. En réalité, le gouvernement compte sur les nouveaux outils inscrits dans le projet de loi pour restructurer les services publics et réaliser des économies. Jeudi, plus de 100 rassemblements sont prévus dans toute la France. Les organisateurs reconnaissent toutefois que la date, en plein pont du 8 mai, n'est pas la meilleure pour garantir une large mobilisation. Mais l'agenda est contraint. Le projet de loi débarque lundi à l'Assemblée et il n'était pas question d'organiser la manifestation en même temps que le congrès de la CGT, qui se tient toute la semaine prochaine à Dijon. Et avant, il y avait le 1er Mai... Rapport de force Instituteurs vent debout contre le projet de loi du ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, réforme des retraites qui remettra en cause le mode de calcul des pensions des fonctionnaires... Les plus optimistes des organisateurs parient toutefois sur une forte mobilisation grâce à une coalition des luttes des différentes catégories de fonctionnaires. La dernière journée unitaire, il y a un an, avait attiré 189.000 personnes. Comme celle, à 7 organisations seulement, du 22 mars dernier. Il s'agit surtout de la première manifestation unitaire depuis le début de la crise des «gilets jaunes» en novembre. La première, de surcroît, depuis qu'Emmanuel Macron a amorcé un recul, lors de sa conférence de presse de sortie du grand débat national. Le 25 avril, le président de la République s'est en effet dit prêt à abandonner son objectif de supprimer 120.000 postes de fonctionnaires sur le quinquennat s'il s'avère impossible à atteindre. Les syndicats estiment donc qu'il est possible de faire plier l'exécutif. «Il y a du sens à mobiliser quand on observe que le gouvernement est contraint par un réel rapport de force en sa défaveur», insiste Alexandra Meynard, membre du comité exécutif confédéral de la CGT. Et ce, même si ce rapport de force a été construit à l'extérieur des syndicats, par des mois d'une mobilisation sociale ponctuée de violences. Jeudi, la banderole de tête de la manifestation parisienne devrait afficher «non au projet de loi de transformation de la fonction publique». Comme toujours, derrière ce slogan général, les sensibilités des différents syndicats varient. De la CFDT qui demande une modification profonde du projet de loi à la CGT qui réclame que son retrait... De fait, aucune des organisations appelant à manifester ne se satisfait des gestes obtenus lors de l'examen du texte en commission la semaine dernière. «La philosophie du texte n'est pas modifiée», pointe Luc Farré, de l'Unsa-fonction publique. Plusieurs points restent de surcroît inacceptables pour les organisations. Parmi eux, la montée en puissance des contractuels, y compris dans la haute fonction publique, ainsi que la réduction drastique du nombre et des pouvoirs des instances de représentation du personnel. Au-delà, les syndicats comptent sur un certain désamour des fonctionnaires envers l'exécutif pour mobiliser. Le secrétaire général de FO-fonctionnaires, Christian Grolier, jure que les agents ont une dent contre un «gouvernement anti-fonctionnaires». Rien n'est calé pour la suite si ce n'est que la manifestation de ce jeudi n'est qu'une «étape» de la mobilisation dans la durée pour forcer le gouvernement à changer de ligne. Les «gilets jaunes», se disent les syndicats, y sont bien arrivés. Alors pourquoi pas les fonctionnaires?