Le street workout, c'est l'art de faire du sport avec les éléments que la rue met à disposition. Nul besoin de dépenser des sommes rocambolesques dans des salles de sports dernier cri. La rue offre naturellement barres de tractions et autres trapèzes pour musculation. Youssef, jeune entraîneur casablancais nous en dit plus sur cette « discipline ». Aux origines Originaire des Etats-Unis, le street workout s'est fait connaître en 2008 par la vidéo partagée sur internet d'un jeune afro-américain new-yorkais surnommé Hannibal For King. Dans cette vidéo qui a fait le tour du monde, il effectue plusieurs exercices devenus communs au street workout comme la figure du drapeau (« human flag »), l'une des plus difficiles à réaliser. Autres exercices classiques: pompes, tractions et équilibres en tout genre. Force, équilibre et souplesse sont les maîtres mots de ce sport mêlant musculation, gymnastique et figures acrobatiques. Bien que l'origine historique exacte du street workout fait débat, les mouvements des entraînements de rue dérivent en grande partie de la callisthénie (pratique gymnastique datant du XXe siècle aux Etats-Unis). Dans sa vidéo, Hannibal For King utilise le mobilier urbain pour réaliser ses figures: structures de divertissement pour enfants, poteaux, barres, bancs...ces infrastructures urbaines deviennent le temps d'un entraînement des équipements sportifs très efficaces. Par la suite, prenant conscience de l'émergence d'une activité importante, des mairies à travers le monde ont concédé des espaces dédiés et des fédérations se sont constituées comme la World Street Workout & Calisthenics Federation (WSWCF). Une discipline en manque de soutien au Maroc Cette fédération mondiale rassemble 79 pays et 123 membres, parmi lesquels l'Association Street Workout Agadir, unique membre à l'heure actuelle représentant le Maroc. Son président, Noureddine Bargache, nous explique que même si le Maroc compte de plus en plus d'adeptes, l'Etat n'apporte pas son soutien et les sponsors restent infimes. Avec son équipe, Youssef s'entraîne dehors au gré des infrastructures qu'offre « l'zen9a ». «On fait nos entraînement dans des parcs ou à la plage», explique le jeune adepte qui s'entraîne la majorité du temps au parc Murdoch de la ville blanche, «c'est avant tout une grande économie d'argent pour ceux qui n'ont pas les moyens de payer une salle de sport et cela offre une grande liberté». Palier au manque d'infrastructures offertes par la ville, c'est ce qu'a souhaité faire Noureddine Bargache en créant en 2014 la première association consacrée au street workout au Maroc. Avec les cotisations des adhérents, ils ont pu installer diverses structures sur la plage d'Agadir. «On a déposé plusieurs dossiers à la mairie d'Agadir pour demander des financements ou des installations gratuites pour les habitants mais ça n'a rien donné», raconte le président de l'association. En dehors de l'association, des jeunes cotisent entre eux pour investir dans des structures dédiées. Youssef nous explique que la structure sur laquelle ils s'exercent au parc Murdoch a été payée par un groupe de sportifs (au prix de 3000/4000 DH), une première structure ayant été achetée avec ses amis mais déclarée volée. «Au Maroc, il n'y a pas de soutien, pas d'espace d'entrainement offert par la ville et pas de compétition ou événement organisé », déplore également Youssef. Pour une nouvelle passion chez les Marocains «Le street workout commence à s'imposer au Maroc et j'espère que de plus en plus de jeunes vont s'entraîner... C'est mieux que de traîner dans la rue à consommer des drogues», confie Youssef qui mentionne que beaucoup de jeunes à Casablanca ne vont pas à l'école ou n'étudient pas. Il souhaite que les responsables de la ville fournissent plus d'espaces de street work out. Surtout que les Marocains se sont déjà fait remarquer dans cette discipline, à l'instar de Hakim Islam qui a atteint la 10e place (sur 45 participants) au Workout World Championship 2018 à Moscou en septembre dernier. Rachid Adel (Rabat) a représenté le Maroc pour l'édition de 2016 et Nour El Islam Bissouma pour celle de 2015 (13e place). Youssef appelle ainsi à une meilleure mobilisation. Sur la corniche de Rabat/Salé, des infrastructures ont été installées, financées par une entreprise privée, nous informe Nouredine Bargache. «Mais c'est le ministère qui devrait prendre en charge ce matériel», regrette Youssef.