Volubilis, du nom de cette cité archéologique romaine de la région de Meknès, mais aussi de cette fleur mauve, porteuse d'incertitude et de douce euphorie, qui fleurit même dans les climats les plus arides où elle grimpe et infiltre tout. Le film de Faouzi Bensaïdi est au premier plan une histoire de jeunes mariés qui essaient de se frayer un chemin. Dans la maison du mari où ils sont hébergés, l'intimité est empêchée par la promiscuité. À l'extérieur, ils sont bafoués dans leur humanité et ramenés sans cesse à leur condition sociale basse dans ce Maroc sans concession pour » les mal-nés « . En second plan, la justesse avec laquelle les mondes s'opposent saisit. Les fastes de la haute bourgeoisie, ses dérives, la solitude des êtres esclaves des apparences dans ces maisons immenses et vides d'enfants résonnent en négatif avec les habitats délabrés fusants de rire et de vie. Quant aux lieux de tournage, de l'Antique Volubilis, ultime refuge de la sensualité des deux jeunes mariés, à ces maisons en transparence, presque de verre, véritables espaces scéniques, non sans rappeler le Mépris de Godart ou les décors de théâtre de Warlikoswki, ils sont d'un esthétisme fou. Les rôles, impeccablement distribués, sont tenus pour certains par des acteurs de sa » troupe », dont il fait lui-même partie. À l'instar de grands cinéastes tel Orson Welles, il est aussi devant la caméra. Il campe dans ce film le personnage du « méchant ». La biographie du réalisateur éclaire. On y apprend qu'il est diplômé du Conservatoire national d'art dramatique de Paris. Après la projection du film, en septembre dernier au Luminor, il explique » si le soleil doit être montré, il doit être montré dans une goutte d'eau ». Alors, cher Faouzi Bensaïdi, si la vie doit être montrée, il y a votre cinéma, et vous nous le prouvez une nouvelle fois avec Volubilis.